Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Jean-Noël LEBLANC
Newsletter
16 abonnés
7 octobre 2018

C'est la fête des grands-pères - Pour Marius et Marcel

Couv Les Orties douces

Les miens s'appelaient Marius et Marcel.

J'ai connu l'un longtemps, mais l'autre n'était déjà plus là quand je suis né.

Dans Les orties douces, chant d'amour à ma Mémé, j'évoquais ce "mari perdu, le Pépé - qu'une maladie chienne lui enleva trop tôt.

Nous n'avons pu goûter son clair sourire autrement que par un portrait maladroitement colorisé, ni sa joue rugueuse, ni sa bonhomie, et la vie de la Mémé s'était couverte d'un crêpe invisible mais tenace, du filet du pêcheur implacable qui dépeuple les saisons en agrippant l'enfant, le mari, le frère, le fils adulte, de ses doigts croches.

La course du vent

La course du vent m'a permis un peu plus tard de revenir sur ces deux absences :

"J'ai 6 ans.

Je ris.

Dans la cour, le vieux Pompon s'avance lourdement, docile et las, guidé par la main sèche et solide du Pépé Philibert.

Je ris, mais je suis bien intimidé, je crois, par cet énorme cheval qui tire un char vide, de retour de l’étable où on l’a déchargé de ses bottes de paille. Le Pépé Philibert me saisit sous les bras, presque par le maillot de corps.

Le « Pépé Philibert », ce n’est pas mon vrai Pépé : c’est un vieux voisin aux joues de cactus mais qu’on aime bien. Mon Pépé à moi, il s’appelle Marcel, c’est le Papa de ma Maman ; il est garagiste, il a une grosse moustache blanche, un béret noir, il aime rire et chanter fort pour faire râler sa Mémé, la Maman de ma Maman. Elle râle, sa Mémé, mais elle finit toujours par rire avec lui.

Et puis mon autre Pépé, il s’appelait Marius, c’était le Papa de mon Papa. La Mémé nous parle parfois de lui, et de la chance qu’on a, parce que notre Papa à nous, il a perdu son Papa à lui, qui s’en est allé quand la maladie est venue le chercher. Ce Pépé-là, on ne l’a jamais entendu rire et chanter, ni faire râler sa Mémé. De toute façon, la Mémé, elle ne râle jamais, elle sourit tout le temps, même si je sais que le Pépé, c’était comme une petite fleur dans son cœur que la Mort est venue faucher.

Parce que la Mort, elle s’en fout bien, de la prière des gens malheureux : elle est sourde, je crois, la Mort. Alors elle arrive avec sa grande faux, chez les riches comme chez les pauvres, et quand elle repart, elle leur laisse un vaste désert dans le cœur, avec le vent qui souffle au-travers."

Publicité
Commentaires
V
Trop beau et émouvant et me fait penser à mes deux Pépés à moi aussi , que je n'ai pas pu vraiment connaître ! L'un est décédé je n'avais pas deux ans, Gilbert Blandin, il me manque, j'ai souvent envie d'écrire un livre sur lui ... et Emile Hêtre le papa de ma maman, j'aurais pu le connaître plus mais sa femme, ma grand-mère, une horrible femme avait décidé pour les autres ! je n'ai pu le revoir que sur son lit de mort j'avais 12 ans et ça m'a fait beaucoup de peine, sur lui aussi je songe à écrire !! Mes deux papys étaient des enfants aux destins bien difficiles dès la naissance dans un début de 20éme siècle tout aussi difficile .... J'ai eu une immense chance d'avoir un grand-père de cœur , mon Baptiste et ça j'en remercie la vie ... il me manque lui aussi mais tous les trois ils semblent me guider ... je suis heureuse que mon fils puisse partager tout ce qu'il partage avec mon papa ... un papa unique ... mon pilier !!! merci pour ce moment d'émotions Jean-Noël , c'est malin maintenant j'ai les larmes aux yeux !! bon dimanche bisou Véro
Répondre
Le blog de Jean-Noël LEBLANC
  • La petite vie et la grande œuvre de Jean-Noël Leblanc ! Avec des perles de lycéens, des vaches de profs, des chats peinards, des copains hilares, à boire, à manger, à chanter, à voir, à rêver, à lire, à rire, à sourire. A vivre mieux, peut-être !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 1 438 843
Publicité