"La Nièvre à table : un siècle de menus !"
« La Nièvre à table, un siècle de menus », Médiathèque Jean-Jaurès de Nevers.
"La région fut, de tous temps, une pépinière de chefs expérimentés. Des figures célèbres, doctes savants, se sont intéressés à la cuisine et firent preuve d’une véritable compétence pour créer des recettes et tours de mains, obtenant des spécialités qui constituent, selon Roger Lallemand, « un trésor culinaire capable de rivaliser avec celui des meilleures provinces gastronomiques françaises ». Sous l’Ancien Régime, Le célèbre Jean Ramponneau, né en 1724 près de Tannay, acquit au dix-huitième siècle la plus enviable notoriété à Paris, où il fonda à la Courtille la taverne du « Tambour Royal » et, un peu plus tard, à la « Grand’Pinte », il s’assura par une table fameuse la clientèle la plus élégante. Au dix-neuvième siècle, Aglaé Adanson s’installa vers 1804 au château de Balaine, près de Dornes. C’est là qu’elle composa la Maison de Campagne, un traité d’économie domestique publié en 1822, qui donne de multiples indications pour saisir ce qu’était la vie des châteaux sous la Restauration et ce qui se passait notamment dans les cuisines.
Bien d’autres après eux portèrent haut les flambeaux de Comus, dieu des festins dans la mythologie grecque : Lucien Tibier, chef des cuisines du Palais de l’Elysée ; Gustave Ninlias, défenseur de la cuisine française ; Pierre Caillot, chef cuisinier des plus grandes personnalités de son époque et qui s’établira à Decize en 1920 ; Auguste Arriat, qui fit la renommée de l’Hôtel de la Poste à Prémery ; la célèbre Mère Poulard, aux origines nivernaises ; Le chef Alban, né à Corbigny en 1895, qui débuta chez L. Ignon, pâtissier-traiteur à Nevers et gagna ensuite la capitale, l’hôtel Vendôme, le Ritz et le Majestic, puis Monte-Carlo, avant de diriger en 1922 les cuisines de l’hôtel Savoy, l’un des plus prestigieux et des plus luxueux palaces de Londres...
La médiathèque Jean-Jaurès se propose d’aborder cette histoire culinaire en rassemblant des documents propres à cette thématique, souvenirs des grands rassemblements d’autrefois autour de repas « rabelaisiens », témoignages des produits et des spécialités locales. A ce titre, une collecte de menus est intéressante à constituer pour plusieurs raisons. Il y a un intérêt gastronomique, qui permet de suivre la composition des menus suivant les époques ; un intérêt graphique, car les artistes peintres, dessinateurs, graveurs n’ont pas cru déchoir en réalisant des compositions de ce genre ; enfin un intérêt historique, moyen de suivre la sociabilité d’une région, par exemple un menu pour une première communion ou un mariage, pour les comices agricoles et les banquets d’anciens combattants, d’évoquer les activités culturelles et associatives, comme ces réunions des sociétés savantes et des gastronomes du « Club des Vingt ». On redécouvre plusieurs évènements importants pour la région, le passage du Général de Gaulle à Nevers en 1948, la présence des soldats américains durant la Première guerre Mondiale, l’inauguration du monument en l’honneur de Jules Renard en 1913… Ces menus sont également les témoignages de lieux qui ont marqué durablement la mémoire des Nivernais : l’Hôtel de France à Nevers ; les auberges qui ont jalonné la Route Nationale 7 : de Cosne à Pouilly-sur-Loire, de Pougues-les-Eaux à Saint-Pierre-le-Moûtier, en passant par la Charité-sur-Loire ; l’Hôtel Hardy et l’Hôtel Walsdorff-Régina à Saint-Honoré-les-Bains, et plus récemment l’Hôtel du Vieux Morvan à Château-Chinon. Ce sont autant d’anecdotes et d’histoires que nous vous invitons à (re)découvrir."
Une publication accompagnera l’exposition, avec une préface de M. Gérard Oberlé.
Une exposition à voir jusqu'au samedi 29 octobre 2016.