Souvenez-vous qu'à mon âge...
Le vieux Corneille tente de séduire Marquise, comédienne de la troupe de Molière :
(Marquise sous les traits de Sophie Marceau)
« Marquise si mon visage
a quelques traits un peu vieux
souvenez vous qu'à mon âge
vous ne vaudrez guère mieux
Le temps aux plus belles choses
se plaît à faire un affront
et saura faner vos roses
comme il a ridé mon front
Le même cours des planètes
règle nos jours et nos nuits
on m'a vu ce que vous êtes
vous serez ce que je suis
Cependant j'ai quelques charmes
qui sont assez éclatants,
pour n'avoir trop d'alarmes
de ces ravages du temps.
Vous en avez qu'on adore
mais ceux que vous méprisez
pourraient bien durer encore
quand les vôtres seront usés
Ils pourront sauver la gloire
des yeux qui me semblent doux
et dans mille ans faire croire
ce qu'il me plaira de vous
Chez cette race nouvelle
ou j'aurai quelque crédit,
vous ne passerez pour belle
qu'autant que je l'aurai dit.
Pensez-y belle marquise,
quoiqu'un grison fasse effroi
il vaut bien qu'on le courtise
quand il est fait comme moi. »
Pierre Corneille
La réponse de Marquise ? C'est l'humoriste Tristan Bernard qui l'imagine, dans ce quatrain ,
"Peut-être que je serai vieille,
laide et ridée. Cependant
j'ai dix-huit ans, mon vieux Corneille
et je t'emmerde en attendant."
(Quatrain que Brassens retouche ainsi pour l'intégrer à sa mise en musique des vers de Corneille :
"Peut-être que je serai vieille,
Répond Marquise, cependant
J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
Et je t'emmerde en attendant.")
Gros-René, Molière, Corneille, Racine... La beauté de Marquise les manipule comme des marionnettes...