Colette a dit (4) :

De retour de Saint-Sauveur-en-Puisaye, la musette pleine de livres dans lesquels je puise et je puiserai pour vous dé-livrer des paroles d'auteur et des paroles de sagesse...

(les textes sont une reconstruction à partir d'extraits d'ouvrages, de correspondance, d'entretiens)

"Il y a dans notre langue des mots dont le pouvoir de résonance est extraordinaire.

Pour moi, tel mot suffit à recréer l'odeur, la couleur des heures vécues, il est sonore et plein et mystérieux comme une coquille où chante la mer.
Le mot Givre par exemple : quand je répète ce mot scintillant, il me semble que je mords dans une pelote de neige crissante, une belle pomme d'hiver façonnée par mes mains...

Le dessin musical et la phrase naissent du même couple évasif et immortel : la note, le rythme. Néologismes hardis, tous aussi riches que l'arabesque, aussi doux que la laine thibétaine, vous caressez l'oreille d'une harmonie qui participe de la sauvage mélopée et de la fumisterie.
Entre le réel et l'imaginé, il y a toujours la place du mot, le mot magnifique et plus grand que l'objet.

Éliminer le banal, ce n'est pas mon affaire, puisque, la plupart du temps, c'est l'ordinaire qui me pique et me vivifie.
La fantaisie humaine est courte ; seul la réalité extravague sans frein ni limite. Un esprit fatigué continue au fond de moi sa recherche de gourmet, veut un mot meilleur, et meilleur que meilleur.
Cinq sens, que c'est peu..."