Colette a dit (2) :
De retour de Saint-Sauveur-en-Puisaye, la musette pleine de livres dans lesquels je puise et je puiserai pour vous dé-livrer des paroles d'auteur et des paroles de sagesse au cours des prochaines semaines...
(les textes sont une reconstruction à partir d'extraits d'ouvrages divers, de correspondance, d'entretiens)
"Pourquoi suspendre la course de ma main sur ce papier qui recueille, depuis tant d'années, ce que je sais de moi, ce que j'essaie d'en cacher, ce que j'en invente et ce que j'en devine ?
Je réfléchis. (…) Je pars, je m'élance sur un chemin autrefois familier, à la vitesse de mon ancien pas ; je vise un gros chêne difforme, la ferme pauvre où le cidre et le beurre en tartines m'étaient généreusement mesurés. (...) C'est cela, ma méthode de travail...
Imaginez-vous, à me lire, que je fais mon portrait ? Patience, c'est seulement mon modèle.
Je suis sûre de n'avoir jamais écrit un roman, un vrai, une œuvre d'imagination pure, libre de toute alluvion de souvenirs et d'égoïsme, allégé de moi-même.
La Maison de Claudine est mon livre le plus véridique ; celui où il y a le moins de transposition.
Je n'ai pas quitté un personnage qui peu à peu s'est imposé à tout le reste de mon œuvre : celui de ma mère. Il n'a pas fini de me hanter. Les motifs d'une telle présence ne manquent pas : un écrivain, si son existence se prolonge, se tourne pour finir vers son passé, pour le maudire ou s'en délecter."