Pascal Garnier, jamais motus.
J'ai eu plusieurs échanges avec Pascal Garnier. Et il se trouve que c'était quelqu'un de bien.
En tout cas, quelqu'un selon mon coeur.
Quand un artiste disparaît, on continue à communiquer avec lui par son oeuvre. Tant qu'il nous reste à lire ses mots, ses phrases, ses histoires. Et quand on a tout lu, on relit, pour se replonger dans d'anciennes conversations.
Les "romans jeunesse" de Pascal Garnier sont des livres de commandes mais on y retrouve sa verve, son regard sur le monde, celui des enfants, celui des plus faibles, des êtres décalés, avec une joyeuse ironie, une poésie douçâtre, des images percutantes, et un optimisme "malgré tout". Parce que les "romans jeunesse", il faut que ça se termine bien, on l'accepte, c'est la loi du genre. On sait bien que dans la vraie vie, une histoire dramatique finit dramatiquement, voire tragiquement.
Dans la vraie vie, Pascal Garnier est mort. Ou pas. Tant qu'il nous reste ses oeuvres à lire.
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Motus, c'est l'histoire d'Antoine, un enfant triste qui...
On s'en fout, de l'histoire, et on s'en délecte, parce que c'est un court roman de Pascal Garnier. "A partir de 9/10 ans", conseille la 4e de couverture. Ça tombe bien, mon âge, c'est "à partir de 9/10 ans", je suis pile dans la cible.
"Antoine est assis sur un banc, il fait de la poussière avec ses pieds. Quand on s'ennuie il n'y a rien de tel que de faire de la poussière avec ses pieds. Deux ou trois pigeons s'écartent en se dandinant, suivis d'un troupeau de moineaux sautillant comme des jouets mécaniques. (...) A l'autre bout du square, un couple de vieillard escargotés l'un contre l'autre, le menton appuyé sur leur canne, regardent droit devant eux. Près du bac à sable, deux jeunes mamans papotent en tricotant. De temps en temps des cris pointus sortent des landaus devant elles, alors, du bout du pied, elles font jouer les ressorts et les cris s'arrêtent."
Pascal Garnier, Motus, Syros Jeunesse, 1989.