Boycott du Qatar ? Les gens s'en footent !
Dans une chronique parue le 3 décembre 2022 dans Le Monde, Nicolas Santolaria s'interroge avec honnêteté sur sa culpabilité à regarder la Coupe du Monde de football au Qatar, alors que les discours vertueux d'avant-compétition, relayés par quelques figures médiatiques, appelaient au boycott les humanistes et les gens de bonne volonté :
"Beaucoup de téléspectateurs vous le diront : un horrible arrière-goût demeure après le visionnage de chaque match de la Coupe du monde, un résidu d’autoabdication, de renoncement intime à ses principes les plus élémentaires. Devant son écran, le fan de ballon rond se trouve écartelé entre l’appétit pour les matchs aux affiches alléchantes et le dégoût moral du cadre dans lequel ils se déroulent. Soupçons de corruption pour l’attribution de la compétition, non-respect des droits humains, mort de travailleurs immigrés, absurde désastre écologique (l’eau pour faire pousser les pelouses en plein désert, les stades climatisés), discrimination envers les personnes LGBT : il y a de nombreuses raisons extrasportives de ne pas regarder cette Coupe du monde ; et pourtant, on la regarde....
(...) Si chacun y va de son petit arrangement avec la morale – je ne regarde qu’en streaming, que les matchs de l’équipe nationale, que d’un œil –, cela ne suffit pas à faire taire la culpabilité. En se remémorant les « milliers de morts » qu’aurait, selon Amnesty International et Human Rights Watch, causés la construction de ces arènes des temps modernes, on se dit : « Est-ce vraiment un stade dans lequel s’agitent ces vingt-deux gladiateurs en short, ou une piscine de sang ? » D’où un sentiment malaisant de participer à l’édification d’un consensus honteux"
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Du Mondial de foot au plateau de Cyril Hanouna : comment la télé fabrique du « consensus honteux »