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Le blog de Jean-Noël LEBLANC
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4 juillet 2021

L'enseignement social des séries télévisées

 "Notre propension à nous identifier aux personnages de fiction dépend de ce que nous sommes. Ce phénomène d’identification peut s’avérer vertueux lorsqu’il permet de modifier les représentations des groupes marginalisés."

Voilà ce qu'écrit Dara Greenwood, professeure adjointe de psychologie au Vassar College à New York, dans Le Courrier de l'UNESCO.

"Au-delà de leur capacité à nous extraire de notre quotidien, les programmes et les personnages avec lesquels nous passons du temps renseignent aussi sur ce que nous sommes. En effet, des études montrent que nos goûts en matière de programmes et de personnages de fiction reflètent souvent des aspects fondamentaux de notre personnalité. 

Deux concepts clés ont été étudiés par des psychologues spécialistes des médias : 

La transportation, une théorie développée en 2000 par les chercheurs en psychologie sociale américains Melanie Green et Timothy Brock, est le processus consistant à plonger au cœur d’une histoire, notamment en s’identifiant aux personnages. Le plaisir qui peut accompagner la transportation est en partie lié à l’élargissement du concept de soi qui fait siennes les expériences des personnages.

L’interaction parasociale(link is external, quant à elle, est définie comme l’amitié que nous développons avec des personnages à mesure que nous « faisons connaissance » avec eux. Donald Horton et Richard Wohl, un anthropologue et un sociologue américains, ont introduit ce concept en 1956 afin de décrire les liens que les téléspectateurs développent avec des personnalités médiatiques telles que les animateurs d’émissions-débats. Depuis lors, l’idée de pseudo-relation avec une personnalité du monde des médias a été appliquée à un large éventail de figures médiatiques, réelles ou fictives, qu’il s’agisse de sportifs, de musiciens, de politiciens ou de stars du petit et du grand écran ou des réseaux sociaux.

Certains d’entre nous sont plus enclins que d’autres à se laisser transporter dans des émissions télévisées et à s’attacher à des personnages. Au cours de mes recherches, j’ai pu montrer que les individus les plus susceptibles de s’identifier à des personnages tendent également à présenter des vulnérabilités émotionnelles comme une difficulté à maîtriser leurs impulsions ou leur anxiété. Les médias qu’ils consomment peuvent alors s’apparenter à une tentative de compensation de sentiments négatifs.

Au cours de mes recherches, j’ai pu montrer que les traits agressifs et machiavéliques permettent de prédire une plus grande affinité pour les programmes et les personnages d’antihéros à l’image du personnage Walter White, le gentil professeur de chimie qui se transforme en roi de la méthamphétamine dans la série américaine Breaking Bad.

Bien qu’il puisse sembler étrange de développer des liens avec des personnages fictifs, ces deux processus reflètent, selon certaines théories, notre capacité à tirer profit des expériences d’autrui et à nous rapprocher des personnes qui partagent les mêmes idées que nous. Après tout, nous apprenons à évoluer dans notre milieu social en observant et en coopérant.

Le phénomène d’identification à des personnages peut procurer d’importants bénéfices aux groupes marginalisés. Une étude des chercheurs américains Sohad Murrar et Markus Brauer montre que l’exposition à une série télévisée mettant en scène des personnages arabes/musulmans « divers, dans lesquels on peut se reconnaître » réduit les préjugés chez les téléspectateurs américains non musulmans, en particulier quand ils s’identifient au personnage principal. De même, Bradley Bond, professeur associé en études de communication à l’Université de San Diego, Californie, constate L’exposition aux programmes mettant en scène des groupes marginalisés contribue à réduire les préjugés en2020 qu’un « contact parasocial » prolongé avec les personnages de la série britannique Queer as Folk (Histoires gay), qui met en scène un groupe d’homosexuels de la région de Manchester et leur entourage familial et professionnel, entraîne une diminution de l’homophobie chez les spectateurs hétérosexuels, en particulier chez ceux qui manifestaient des préjugés au début de l’étude. Une fois qu’un personnage de télévision devient un « ami », il est plus facile pour le téléspectateur de penser qu’il doit être traité de manière équitable. 

Pour conclure, "Nos habitudes médiatiques sont entrelacées, avec des motifs et à des niveaux divers, dans le tissu de nos vies quotidiennes. Les personnages et les histoires de fiction peuvent refléter et élargir notre concept de soi, nous aider à nous rapprocher d’autrui ou à trouver du sens et du confort dans les périodes difficiles. Ils sont aussi capables du contraire."

L'article intégral : 

Ce que le choix de nos programmes télévisés dit de nous

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