Le vrai Tintin !...
Deux films lui ont valu une célébrité mondiale : Tintin et le mystère de la toison d'or (1961) et Les Oranges bleues (1964). Jean-Pierre Talbot, à 74 ans, reçoit encore près de cinquante lettres par mois dans sa maison de Spa, dans les Ardennes belges. Les admirateurs de Tintin ne l'ont pas oublié.
Pour un article du Point, Baudoin Eschapasse lui fait raconter les circonstances de sa rencontre avec le héros de Hergé, pendant l'été de 1960 :
« Je passais des vacances comme moniteur de centre de loisirs à Ostende. C'est là qu'une directrice de casting m'a approché. On ne m'avait jamais dit que je ressemblais à Tintin. Je tombais des nues ». L'équipe cherchait son Tintin depuis un an. Plusieurs vedettes avaient été envisagées, dont Jean-Pierre Léaud. Mais aucune ne semblait convenir. Jean-Pierre Talbot fait, au contraire, l'unanimité au sein de l'équipe de production. Reste cependant à savoir si Hergé validera ce choix audacieux d'un inconnu. « Je me rappellerai toujours de notre première rencontre avec Hergé, confie Talbot. Il est entré dans la pièce sans dire un mot, m'a fixé longuement puis, au bout de quelques secondes qui m'ont semblé très longues, a posé paternellement sa main sur mon épaule en souriant et a dit : Oui, c'est bien lui. » Lors des tournées de promotions, ajoute Talbot, "c'est lui qui m'a incité à signer Tintin sur les autographes." Le dessinateur lui offrira même une aquarelle dédicacée "à Jean-Pierre et Diana Talbot, Monsieur et Madame Tintin".
Documentaire de Benoît Peeters et Wilbur Leguebe
(Moulinsart/Hollywood)
Après le premier film, le jeune homme devient instituteur. Trois ans plus tard, il est rappelé pour une suite dont le succès commercial, s'il est moindre, ouvre la porte à un troisième épisode. Mais les années passent et André Barret peine à financer ce nouvel opus. Du scénario envisagé, il ne sait rien de bien précis. On lui glisse juste que « l'intrigue se déroule en Inde et qu'il y a des chevaux ». Mais le film tarde à se concrétiser.
À l'école libre du roi Baudouin où il enseigne, Jean-Pierre Talbot est surnommé « Papy Tintin » par les enfants de maternelle. Il écrit un livre de souvenirs (J'étais Tintin au cinéma, Jourdan Le Clercq éditeur, 2007). Devenu père, il s'amuse que sa propre fille le confonde avec le reporter. « Un jour qu'elle lisait Objectif Lune, Bérengère s'est tournée vers moi et m'a demandé le plus sérieusement du monde : Papa, comment as-tu fait pour aller là-haut ? » Aujourd'hui, ce sont ses trois petits enfants, Éliot, Margaux et Igor, qui le surnomment « Papy Tintin ».
Lorsqu'en 2011, Steven Spielberg est venu présenter à Bruxelles son adaptation du Secret de la licorne, Jean-Pierre Talbot faisait partie des rares personnes conviées à rencontrer le réalisateur américain. « Il m'a demandé où était passée ma mèche, dit Talbot en caressant le haut de son crâne aujourd'hui dégarni. Je lui ai répondu qu'elle était dans une boîte et que je l'avais mise au coffre, car elle vaut très cher. »
Le comédien conserve divers souvenirs des tournages des aventures de Tintin : outre ce postiche… le pantalon de golf du reporter, un bout de la toison d'or et une orange bleue. Mais aussi plusieurs lettres d'Hergé. Il collectionne également tout ce qui a trait à l'album de Tintin au Congo. « Mais c'est à cause de mon adresse : chemin du Congo. »
L'article intégral : On a retrouvé le vrai Tintin ! - Le Point