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Le blog de Jean-Noël LEBLANC
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7 juillet 2016

Martin Winckler a dit : "Pourquoi je ne lis plus les manuscrits"...

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Comme on me demande régulièrement de "jeter un oeil" sur un manuscrit, de venir me rencontrer pour me demander des conseils éclairés sur telle ou telle oeuvre en attente (un roman de 600 pages, il y a quelque temps), je dois me fendre à la fois d'un petit mot encourageant et d'un refus poli. Même si je vous remercie sincèrement de votre démarche et de votre confiance en mes facultés de lecteur, de correcteur et parfois d'"agent littéraire", je ne peux plus lire de manuscrits (je l'ai fait, jadis !).

J'emprunte aux auteurs qui suivent quelques mots éclairant ma réponse et reflétant mon point de vue.

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Pourquoi je ne lis pas les manuscrits 
PAR MARTIN WINCKLER 

"De temps à autre, des lecteurs m’envoient un manuscrit en me demandant de leur donner mon avis. Je suis touché de leur confiance, mais je ne peux pas les satisfaire.

Je ne lis pas les manuscrits, pour plusieurs raisons : 
- je n’ai pas le temps de lire les manuscrits, et si j’en lisais un, pourquoi celui-là et pas celui d’autres personnes ? 
- je ne sais pas si un manuscrit est publiable ou pas, car je ne suis pas éditeur ; des textes que j’adore sont considérés comme impubliables et inversement ; seul un éditeur (quelqu’un qui va vouloir publier et défendre votre livre) est en mesure de lire vos manuscrits 
- si je me risquais à vous donner mon avis, il consisterait à vous dire... comment j’aurais écrit ce livre à votre place, et ça n’est pas ce que vous voulez. Je l’ai fait, une fois, pour un ami qui ensuite m’en a voulu à mort, et je le comprends. Je n’ai plus envie de blesser inutilement, alors je ne le fais plus.

Par conséquent, il ne faut pas m’envoyer votre manuscrit.

Mais si vous avez un manuscrit à faire lire, envoyez-le aux éditeurs qui publient les textes (romans, essais) que vous lisez et que vous aimez lire : ce sont les plus susceptibles de trouver vos textes intéressants, car on écrit des textes qui "ressemblent" à ceux que l’on lit.

Et si toutes les réponses sont négatives, il faut savoir laisser reposer le manuscrit pendant quelques mois (et en écrire un autre, pendant ce temps), puis le relire, et éventuellement le reprendre, et l’envoyer une nouvelle fois en s’assurant qu’on l’envoie aux éditeurs qui conviennent à ce manuscrit-là.

Beaucoup d’écrivain(e)s ont vu d’abord leurs manuscrits refusés avant qu’on en accepte un. Souvent, ça demande du temps. Rares sont les auteurs qui ont fait publier leur tout premier manuscrit du premier coup. (Et c’est de la chance, pas du génie.) La plupart des auteurs que vous lisez écrivaient depuis longtemps (sans être publiés, ou de manière anecdotique) avant de publier leur premier livre. Il en va de même que pour les peintres, les musiciens, les sculpteurs. Ne vous découragez pas, écrivez. Et gardez bien deux choses en tête : d’abord : ce que vous avez mis dans le premier manuscrit n’est ni perdu ni "gâché", vous pourrez le reprendre dans d’autres textes ; et ensuite : plus vous écrirez, plus vous vous rapprocherez d’une "voix" qui est la vôtre, et qui sera entendue par ceux qui vous liront.

Bonne chance

Martin Winckler"

(Pourquoi je ne lis pas les manuscritsArticle du 10 novembre 2005)

D'autres explications, par Nicolas Ancion, sur son blog Pourquoi je ne lis plus les manuscrits qu’on m’envoie : Poste restante

"Pourquoi je ne lis plus les manuscrits qu’on m’envoie :

PhotoD’abord parce que ce qu’on me demande, c’est de remplacer l’éditeur et, en particulier, ce rôle crucial au sein des maisons d’édition qui est celui des lecteurs (...). Je l’avoue volontiers (...), je suis un mauvais lecteur. Je n’aime pas tout dans la littérature, (...) je n’aime surtout que rarement ce qui se vendra bien (et qui intéresse au premier chef les éditeurs), et si je détecte dès les premières lignes les vrais talents d’auteurs c’est tout simplement parce que l’exercice est à la portée de tout lecteur. Il ne faut aucun talent pour se rendre compte en un paragraphe que Perec, Vailland, Baillon, Dantec, Malinconi, Pouy ou Chevillard sont des auteurs à l’écriture hors norme. Tout le monde le voit. C’est beaucoup plus difficile de détecter qu’il y a un potentiel de vente dans un manuscrit de Gavalda, de Lévy ou de Barbéry. Ces auteurs vendent énormément alors qu’ils ont exactement la même écriture que des milliers de manuscrits refusés. Ne me demandez pas d’explication, je n’en ai pas.

Ensuite, parce que je trouve déjà trop peu de temps pour écrire mes propres textes, que je suis toujours en retard pour tout ce que j’ai promis d’écrire, que j’ai une PAE (pile à écrire) bien plus haute que ma PAL (pile à lire, très haute du côté BD, très plate du côté roman en ce moment), que j’aime faire des siestes, boire et papoter, jouer à Jarnac et à Mr. Jack, regarder Deadwood dans la nuit tiède et que tout ça ne laisse pas beaucoup de temps pour lire les manuscrits des autres.

Enfin, pour une raison plus profonde, qui est liée aux mauvaises expériences que j’ai eues. Je n'en citerai qu'une mais il y en eut bien d'autres. Une vague connaissance m’avait filé son manuscrit, un bouquin egobiographique où l’auteur confessait dans un même flot ses travers de sexualité égarée et son génie incompris pour la littérature. J’ai lu avec beaucoup d’efforts ce pensum jusqu’au bout, j’ai écrit, avec minutie, quatre pages de commentaires détaillés et bienveillants. Mais je n’ai pas été assez rapide, la lettre attendait de partir à la poste quand j’ai été envahi par un flot d’insultes, jaillis de l’auteur, vexé que je n’aie pas crié plus vite au génie pour son texte illisible, qui me traitait de tous les noms pour n’avoir pas tenu promesse. Je lui en ai fait une que j’ai tenue : j’ai promis de déchirer les quatre pages de commentaires et de ne pas les lui envoyer. J’ai tenu parole. (...) Cette expérience, et quelques autres que je tairai ici, m’ont convaincu qu’un auteur qui envoie son texte pour qu’on lui dise ce qu’on en pense n’attend pas de commentaires ni de critiques (même s’il prétend tout le contraire), il attend juste des louanges et des félicitations. Et c’est bien compréhensible. Qui a envie de donner un texte en lecture pour recevoir en retour une liste de commentaires négatifs, de critiques et de phrases soulignées en ondulé ? Personne, bien sûr.

Je ne lis plus les manuscrits parce que la seule chose que je devrais faire, pour conserver l’amitié ou l’estime de ces auteurs qui me confient leur texte, c’est de ne pas lire leur manuscrit mais les retourner au plus vite (trois jours maximum, après ça, certains s’impatientent déjà) avec une longue lettre standard de félicitations. Je devrais pouvoir écrire ça, une lettre de reconnaissance de talent, emplies de fleurs qu’on lance à la volée.

C’est une idée, ça, je pourrais même vendre le modèle à quelques éditeurs. On remplacerait la formule habituelle (« bla, bla, ne rentre pas dans le cadre de nos collections, bla, bla ») par une nouvelle, plus valorisante, votre manuscrit est formidable, nous nous en voudrions de gâcher sa commercialisation en le cantonnant à une maison comme la nôtre, il mérite mieux que ça…"

Accro du blog !

Enfin, même si nous ne lisons plus les manuscrits, nous pouvons encore conseiller ceci, qui marche pour de nombreux "aspirants" : 

"Le mieux à faire pour ceux dont les manuscrits sont refusés par les éditeurs, c'est de mettre des textes en ligne, sous une forme adaptée à Internet, en ouvrant par exemple un blog. La chaîne des lecteurs se créera d'elle-même si les textes possèdent leur force."  Merci de ne pas m'envoyer de manuscrit - CE MÉTIER DE DORMIR

Super 1

Tout est dit. Pas mieux.

Tout ne marche pas du premier coup. Soyez persévérant !

Bonne chance et bon courage à tous ceux qui se lancent dans cette passionnante aventure de l'écriture et de la publication.

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