"La Divine Paresse vous appelle"
Ce 1er septembre, c'est la rentrée scolaire.
Un jour idéal pour publier ce texte :
Gentleman allongé sur un sofa, Theodore Franken.
"Voici venus les temps de rendre un culte à la Paresse. Accourez tous, vous qui êtes éreintés : elle vous procurera le repos.
Accourez humains et sous-humains fourbus par le travail ; venez : la Divine Paresse vous appelle tous.
Vous, les grossiers et les turbulents, vous qui vous croyez incapables de vivre hors du tintamarre et sans bouger, vous pouvez, si vous le désirez sincèrement, devenir des paresseux. Combien vous seriez fautifs de ne pas essayer.
Accourez et nous instaurerons la religion de l'Oisiveté, religion sans clergé qui répudiera tout intermédiaire entre la Divinité et vous : chaque fidèle sera son prêtre ; il officiera lui-même et prendra son cœur pour autel.
Votre brûlant désir de vous la couler douce ardera vers l'Inertie Suprême ; d'En-Haut descendront sur vous le Repos et la Paix.
Priez donc de la sorte :
« Ô Divine Paresse qui êtes aux Cieux, que Votre Nom soit sanctifié ! Que Votre Règne arrive sur la terre comme au ciel ! Octroyez-nous, sans fatigue, notre croûte quotidienne. Surtout, ne nous induisez pas en la tentation du travail ; mais délivrez-nous de cette calamité. Ainsi soit-il ».
La Paresse, ami, est la plus belle hypostase de l'Âme Universelle. Prépare-toi à La recevoir.
C'est dans ton cœur que tu lui offriras l'hospitalité ; il faut y allumer une grande flambée d'amour.
Quand elle sera en toi, tu comprendras qu'Elle fait partie de toi-même, qu'Elle est toi-même.
Alors tu seras un adepte.
ll te restera à devenir un initié.
Frère, te voici éveillé ! A ton tour d'éveiller tes frères ! Tire-les de leur infernal sommeil ; sors-les du cauchemar ; arrache-les à la honte du travail..."
Jossot, texte paru dans Le foetus récalcitrant, 1939.