François Place a dit :
François Place (photo de son site officiel)
« Etre héros, c'est un moment dans une vie, ce n'est jamais une identité en soi. On ne naît pas héros. On peut parfois mourir en héros, mais cela n'est pas un état permanent. Pour moi, le héros a toujours vocation à retourner dans l'anonymat, à revêtir les habits de la banalité. Prenez Bilbo le Hobbit. C'est quelqu'un de pantouflard, d'invisible, qui vit sous terre. Le jour où on frappe à sa porte, il répond à l'appel et part vivre malgré lui des aventures qui vont le révéler à lui-même. Un héros est là pour montrer qu'on a tous une vie plus grande qui nous attend quelque part. C'est l'éclaireur, celui qui marche devant. Il a un caractère très individualiste, mais peut s'appuyer sur le groupe, et doit avoir le sens de la communauté. Il est porteur de parole et de courage...
J'ai toujours aimé les histoires où il n'y a pas de héros. Enfant, une partie de mon plaisir était de vagabonder dans des images. J'étais attiré par tout ce qui avait trait au voyage, comme les livres de Jules Verne. J'aimais aussi beaucoup Corto Maltese, ce marin anarchiste, très beau, qui va au gré du vent, et qui porte sur les choses un regard décalé, plein de détermination et d'ironie. C'est un héros bien campé dans ses ambiguïtés. Le danger du héros, c'est d'être monobloc. Il faut qu'il se transforme, et surtout qu'il doute.
Comme auteur, je ne suis jamais parti de l'idée de héros, ça ne m'aide pas du tout à construire mes récits. Je préfère toujours l'histoire au personnage. Quand un héros est trop chargé, qu'il porte tout sur ses épaules, il me manque quelque chose. »
François Place (in Télérama n°3332, novembre 2013, par Michel Abescat et Marine Landrot)