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Le blog de Jean-Noël LEBLANC
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13 juillet 2015

Maurice Genevoix de retour aux Eparges (souvenir de notre voyage)

Sur les pas de Maurice Genevoix,
souvenirs de notre voyage aux Eparges, le 6 avril 2015 (nous en avions déjà parlé ici).

A l'invitation du colonel Pierson, maire de la commune des Eparges, et à celle de Mme Pierson, présidente de l'association L'Esparge, nos lycéens ont pu assister au dévoilement du buste de Maurice Genevoix, sur la place de la mairie du village. 


Un diaporama des photographies de Pascal Lejeune 

Julien Larère-Genevoix, petit-fils de l'écrivain et président de l'association "Je me souviens de Ceux de 14" s'adressa à l'assemblée :

"Comme l’a dit un jour mon ami le Colonel Xavier Pierson, « on ne peut se promener aux Éparges. On les parcourt gravement, la pensée fixée sur ses entonnoirs, ses monuments, ses croix, qui imposent le recueillement." (...)

Âgé de 24 ans, jeune normalien, Maurice Genevoix est mobilisé le 1er aout 1914, et affecté au 106ème RI, basé à Chalons, en tant que sous lieutenant. Au son du tocsin, Maurice Genevoix pressent que le monde qui existait jusqu’alors allait cesser d’être. Dès les premiers assauts, l’excitation et la jubilation d’y être enfin, disparaissent devant l’horreur et la violence du chaos. Durant les sept premiers mois de la guerre, Maurice Genevoix aura tout connu : la poursuite, la guerre de mouvement, puis l’enlisement, ici, aux Éparges.

Cette crête des Éparges, dont l’assaut est ordonné à partir du mois de février 1915 marquera le sommet de l’horreur et de l’indicible. Dans Trente mille jours, œuvre de vie où le vieil homme, âgé de près de 90 ans se retourne avec émotion, tendresse et gravité, sur celui qu’il a été, Maurice Genevoix écrira : « Ce que nous avons fait c’est plus qu’on ne pouvait demander à des hommes, et nous l’avons fait ». Blessé, le 25 avril 1915, à quelques mètres d’ici, transpercé par trois balles allemandes reçues au bras gauche et à la poitrine, Maurice Genevoix est déchiré d’abandonner ses frères d’armes. (...)

Fraternité, solidarité et humanité seront les piliers de l’œuvre de guerre de Maurice Genevoix, publiée en 5 volumes, Sous Verdun, la Boue, Nuits de guerre, Au seuil des guitounes, les Éparges entre 1916 et 1924, et réunie en un seul volume, Ceux de 14 en 1949.

Avec cette œuvre magistrale, Maurice Genevoix, plus grand témoin de la guerre selon Jean Norton Cru, deviendra de fait le porte parole naturel des combattants de 14, et ce jusqu’à la fin de sa vie, en dépits des honneurs reçus et des charges qui étaient les siennes. Ni son élection à l’Académie Française en 1946, ni son accession au poste de Secrétaire perpétuel ne contrediront cet engagement et cette fidélité.

Devenu en 1967, à la demande du Général de Gaulle, le Président Fondateur du Mémorial de Verdun, parlant de la journée du 18 juillet 1918, il aura ces mots, dans un discours prononcé le 28 juillet 1968 à la Butte Chalmont, étonnant retour sur soi, et preuve de la ferveur du souvenir : « (...) Vous étiez là, mes camarades. C’est pour vous, pour vous tous que je parle. Vous êtes la comme au premier jour. Et vous voyez : votre pays se souvient avec vous. Il sait qu’il faut vous respecter, vous entourer, vous remercier-et vous croire. L’Histoire de France a besoin de vous ».

Cette fidélité s’est prolongée même au delà de la mort, comme en témoigne la palme du 106eme, seule relique visible sur la tombe en pierre d’Orléans de Maurice Genevoix, préférée à tout autre rappel de gloire. Le petit pot de terre des Éparges trône aujourd’hui encore sur le bureau de l’écrivain, dans sa maison des Vernelles.

Parce qu’il avait connu les atrocités des tranchées, de la pluie et de la boue, du froid, des blessés et des morts, parce qu’il a été le peintre fidèle du martyr des enfants de France, Maurice Genevoix est devenu le poète de la nature.

Parce qu’il a su s’émouvoir, plongé dans l’enfer des marmites, dans le vacarme des explosions, de la tendresse de quelques brins d’herbe à peine naissants, parce qu’il a senti le détresse des bêtes au milieu de la folie des hommes, la nature, son ordre naturel immuable, serait son salut.

C’est dans sa beauté qu’il puisera la force, de croire encore, l’élan de sa jeunesse brisé, en une possible communion. Retranché du monde des vivants par l’affreuse expérience, c’est dans les rives de la Loire, qui coulent comme les hanches d’une femme, dans la contemplation des reflets de ce fleuve tant chéri qu’il retrouvera peu à peu la Paix et l’Harmonie.

C’est bien sur à cet immense auteur qu’est Maurice Genevoix, à l’académicien illustre et à l’homme publique que ce buste rend hommage. Mais c’est bien davantage à la mémoire du Lieutenant Genevoix, à ses frères d’armes, à Robert Porchon, l’ami Saint-Cyrien tué aux Éparges le 20 février 1915, enterré à quelques mètres d’ici, à Pannechon, l’ordonnance, gouailleur et roublard, à Boiré, à Lardin, à Janneot, à cette foule trop serrée des vivants et des morts, soldats du 106ème et d’ailleurs, que ce buste rend l’hommage que leur sacrifice impose.

Puisse enfin que ce buste, mémorial de leurs souffrances et de leur courage, de leur mort et de leur jeunesse, demeure aussi pour nous, pour les jeunes générations, pour toi Simon, pour toi Héléa, pour toi, Adèle, la vigie sacrée de la Paix, qu’il nous faut chérir et préserver.

A tous merci."

(on peut lire le discours complet sur le site : 
ceuxde14./discours-de-julien-larere-genevoix-aux-eparges/
Photo de JL-G par Sylvain Dessi)

MG Eparges

 

D'autres sites à visiter :

Un buste en mémoire de Maurice Genevoix - reportages de France 3 Lorraine

Site de l'association L'Esparge

La Cérémonie du 6 avril 2015 par Sylvain DESSI | Je me souviens de Ceux de 14  (photos)

6 avril 2015 : Le retour de Maurice Genevoix aux Eparges

 

 

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Commentaires
F
C'est super pour les Lycéens...Bel hommage....
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