"Et le pull Ducon-Lajoie, tu l'as en stock ?" (VBB)
Au début du mois d'août, la toute jeune société "Le Léon" proposait des pulls en cachemire avec des inscriptions qui se voulaient "décalées", comme "Salopette" sur le chandail d'une fille ou "Chômeur" sur le pull d'un garçon.
Si vous pouvez toujours vous balader, mesdemoiselles, avec la délicate mention "Salopette" sur la poitrine, qui vous attirera les regards des copains et leurs réflexions amènes, n'essayez plus, messieurs, de commander le pull "Chômeur" : il a été retiré de la vente après une polémique-express au cours de l'été.
Faut dire aussi que le texte de présentation du pull insistait bien longuement sur la définition du terme : « Les chômeurs sont les personnes qui se sont déclarées chômeurs (inscrits ou non à Pôle Emploi) sauf si elles ont, en outre, déclaré explicitement ne pas rechercher de travail ; et d’autre part les personnes qui ne se sont déclarées spontanément ni en emploi, ni en chômage, mais qui ont néanmoins déclaré rechercher un emploi », tout comme celui de la "Salopette" : "Femme méprisable, garce sans scrupules, aux moeurs corrompues et prête à tout pour réussir, avec, en général, une connotation sexuelle." Le fondateur de la marque insistait sur France Info : "Ce mot évoque deux choses : le vêtement, et… eh bien, une petite salope", et puis "Chômeur, je trouve ça hyper mignon comme mot."...
Dans un premier temps, la "description" des pulls a changé : celle du "Chômeur" est devenu "Cesser son travail pendant les jours fériés" et celle de la "Salopette" "(du mot français sale), vêtement composé d'un pantalon à taille haute dont le devant se prolonge vers le haut et qui s'attache à l'aide de bretelles." Puis le "Chômeur" a été définitivement (?) remballé.
Alors, pourquoi le "second degré" n'a-t-il pas "fonctionné", alors qu'Internet regorge de blagues plus ou moins douteuses, de montages ou photos satiriques ? Parce que l'humour cynique permet de dénoncer en
interpellant, en choquant parfois, mais lorsqu'il provient d'une société qui "fait de l'argent" en plaisantant sur le dos de ceux qui n'ont pas de travail, "ça le fait pas", comme me souffle Kévin. Et encore moins quand ledit pull est réservé à des gens qui vivent dans une certaine aisance (285 euros pour un pull, c'est ballot, les chômeurs auraient dû se priver de viande pendant un mois pour se l'offrir).
Tiens, au fait, et tous ces pulls "Made in France" déjà tricotés (au Népal), qu'en a-t-on fait ? Voici une nouvelle idée marketing géniale pour Le Léon : Et si on les offrait à Emmaüs ou au Secours Populaire ? Encore mieux : et si on les revendait à Pôle Emploi pour accompagner la "Prime chômage" de Noël ?
http://www.francetvinfo.fr/culture/mode/un-pull-chomeur-a-285-euros-la-marque-s-explique_381452.html