Obama, New York, Haïti...
Obama victorieux à la Présidentielle américaine, New York toujours partiellement ravagée... Des heures et des heures consacrés aux Etats-Unis dans les médias français...
Et Haïti, alors ? Pourquoi parle-t-on moins de la destruction des productions agricoles, des infrastructures routières (dégâts évalués à plus de 750 millions dollars), des cinquante morts (au moins) provoqués par Sandy sur l'île, sans compter la vingtaine de victimes du choléra et les deux mille personnes infectées ? Le Point publie un article éclairant à ce sujet, proposant trois raisons principales que je vous résume ici :
"Professionnels et observateurs des médias mettent en avant la communication lente autour de la situation à Haïti. "Effectivement, l'ouragan a fait plus de victimes en Haïti (...), mais les autorités sont venues avec ces chiffres plusieurs jours après le passage de Sandy. Faute de moyens sans doute, elles n'ont pas réussi à informer à temps", explique un journaliste sur place - le gouvernement a décrété l'état d'urgence seulement une semaine après le passage de Sandy.
Par ailleurs, si nombre de journalistes étaient déjà aux États-Unis au moment du passage de Sandy, notamment pour couvrir la campagne présidentielle, peu l'étaient à Haïti. "On avait très peu d'images et peu d'informations", souligne Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFMTV. "Aux États-Unis, tout le monde envoie des images, des photos avec son téléphone portable. En Haïti, il n'y a pas cet afflux." Aux États-Unis, Sandy a interrompu la campagne électorale, et le nombre impressionnant d'envoyés spéciaux se sont massivement recyclés dans la météo. "C'est un événement rarissime, un des ouragans les plus violents aux États-Unis, à une semaine de l'élection présidentielle", insiste Hervé Béroud.
À cela s'ajoute une dimension symbolique, liée à la place réelle et fantasmée de New York. "C'est une ville qui vit avec le mythe de l'apocalypse, auquel le 11 Septembre a donné une consistance", souligne François Jost, spécialiste des médias. "C'est aussi une ville réputée pour son dynamisme. Le contraste entre cette ville énergique, pleine de monde, et le fait qu'elle se retrouve vidée de ses habitants, ça frappe plus qu'Haïti", ajoute-t-il. "Il y a toujours dans notre traitement de l'actualité une surreprésentation des États-Unis et en particulier de New York", renchérit le sociologue des médias Jean-Marie Charon."
Article à retrouver en intégralité sur LePoint.fr.