Monsieur Guerlain, vos propos ne sentent pas très bon.
Interviewé au JT de France 2 à l'occasion de souvenirs sur sa carrière, Jean-Paul Guerlain, créateur de parfum et ancien dirigeant de l'entreprise de parfumerie, a proféré tranquillement des mots difficiles à entendre de nos jours sur les "nègres".
Quelques mots d'excuse plus tard, il ne s'agit plus que d'un "dérapage hors de propos". Alors gare aux prochains "dérapages hors de propos" jouant des dénominations méprisantes des Arabes, des juifs, etc. Tout ça ne sent pas très bon. Au royaume des parfumeurs, les enfumeurs sont rois.
Audrey Pulvar s'est émue du manque de réaction des médias et des politiques, par ces mots sur son blog de France Inter :
"L’arabe menteur, l’arabe voleur, le chinois travailleur mais sale, le juif cupide, la française sexuellement libre, le latino chaud lapin, la négresse panthère, la négresse lascive, le nègre danseur, le nègre rieur, le nègre footballeur, le nègre paresseux… strike ! En cherchant un peu, on pourrait en trouver d’autres, des idées à fournir à monsieur Jean-Paul Guerlain pour son petit précis de clichés racistes. C’est donc celui du nègre fainéant, bon à rien, qu’il aura choisi de nous servir, dans un silence sidérant, sur le plateau du 13 heures de France 2 vendredi dernier.
« J’ai travaillé comme un
nègre, je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé,
mais enfin… ». C’est la deuxième partie de la phrase, 13 mots, qui lui
valent... quoi au juste ? (...) Le crachat, que ce très distingué
Monsieur Guerlain a jeté non seulement à la figure de tous les Noirs
d’aujourd’hui, mais surtout, cher Monsieur Guerlain, sur la dépouille
des millions de morts, à fond de cale, à fonds d’océan, déportés de leur
terre natale vers le nouveau monde. Ces millions de personnes
asservies, avilies, déshumanisées, pendant quatre siècles, réduites au
rang de bras et de mains destinées aux champs de coton, aux champs de
canne, à la morsure du fouet ou celle du molosse, tous ces esclaves,
vendus comme une force de... travail ! Pas des hommes, non, ni des
pères, ni des mères à qui l’on arrachait leurs enfants pour en faire
d’autres bêtes de sommes, pas des humains, mais des outils, du matériel.
Des marchandises. (...)
Aimé Césaire qui, à l’insulte, répondit aussi un jour : « Eh bien le nègre, il t’emmerde ! »."