Vincent Delerm a dit :
"Le Baiser Modiano est un des morceaux que je préfère de mon deuxième album. La mélodie, simple -deux accords-, est très atmosphérique. C'est une chanson brumeuse, à la Modiano justement, dont les romans sont pleins de visions cotonneuses de silhouettes et de visages.
Je ne me suis jamais situé en opposition au modèle que me proposaient mes parents, je n'ai pas traversé de crise d'adolescence. Je leur soumets toujours mes chansons, ils sont et restent pour moi des guides. Je suis très proche de mon père, à qui je ressemble beaucoup. Nous avons une multitude de points communs, en particulier cet esprit d'analyse qui nous pousse à nous attarder sur un événement de la vie quotidienne, à le disséquer et à l"exprimer en peu de mots.
Un article globalement positif qui émet toutefois quelques réserves est constructif. Il m'aide à progresser. Une critique totalement haineuse, comme celle du Nouvel Observateur sur mon deuxième album, n'est rien d'autre qu'une critique de petit con. Ce genre d'agression, j'en ai vécu d'autres. (...) J'ai fait un travail sur moi pour comprendre ces réactions épidermiques. Mon succès immédiat avait quelque chose d'insolent : à 25 ans, je débarquais avec un piano, une voix pas toujours juste et des chansons apparemment faciles à écrire. Certains pensaient qu'il n'y avait rien d'extraordinaire là-dedans, que n'importe qui pouvait en faire autant. Mon père a connu la même virulence pour La Première gorgée de bière."
Vincent Delerm, dans Le Nouvel Observateur des 21-27 septembre 2006, propos recueillis par Sophie Delassein.