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Le blog de Jean-Noël LEBLANC
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18 mars 2010

Jean Ferrat a dit :

ferrat2

"Il se peut que je vous déplaise en peignant la réalité,
Mais si j'en prends trop à mon aise, je n'ai pas à m'en excuser,
Le monde ouvert à ma fenêtre que je referme ou non l'auvent,
S'il continue de m'apparaître, comment puis-je faire autrement ?
Je ne chante pas pour passer le temps."

"Je suis un peu le José Bové de la variété. A l'heure actuelle, soit l'on accepte d'être bouffé par les multinationales, soit l'on entre dans la lutte. Chanteur est un métier difficile et très individualiste. Certains s'en sortent, mais la plupart ont une vie matérielle précaire... On revient aux conditions de travail du XIXe siècle, quand le chapeau passait dans la salle. Autoriser ces pratiques est indigne de notre profession.

Comment adapte-t-on Aragon ? En prenant des libertés. Il me laissait faire. Parfois, j'isolais un certain nombre de vers pour en faire un refrain ou je privilégiais un quatrain qui synthétisait le sens du poème. J'ai pu intervertir des phrases, les orienter dans un certain sens. Aragon (...) ne supportait pas que la musique ajoute des pieds à ses vers. Mais c'était un moyen de varier la mélodie des octosyllabes, de rompre un peu la monotonie des vers réguliers.

J'aurai au moins réussi à faire qu'un poème devienne une chanson populaire. C'est une très belle aventure, magnifique, inespérée qui m'est arrivée. Car la poésie fait peur : certains pensent qu'elle n'est pas à mettre entre toutes les mains. Je suis sûr du contraire. Les mots sont importants et dangereux, c'est vrai. Excessivement dangereux, même. Pires qu'un fusil braqué. (...) Plus le temps passe, plus je suis impressionné par les grands poètes. Le rapport entre la poésie et la chanson, c'est la concision, l'exigence, l'image et éventuellement la rime. Evidemment, c'est très difficile, c'est aussi la beauté de la chose.

Je suis un homme du XXe siècle qui, rendez-vous compte, a vécu depuis 1930 des tragédies, des hécatombes, des génocides, des massacres colonialistes, des idéologies - nazisme, franquisme, bolchevisme - et vu les espérances du communisme imploser. Voilà, je suis fait de cela. (...) Nous n'étions pas nombreux à chanter le poing levé. Léo Ferré. Moi. Sans être un foudre de guerre ou un grand militant, j'ai participé à des actions... La société a fait voler tout ça en éclats, mais je suis toujours en colère, c'est dans ma nature. J'ai droit à la retraite, bien sûr, mais ça m'emmerde."

Jean Ferrat, in L'Express, propos recueillis par Gilles Médioni, janvier 2003.

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  • La petite vie et la grande œuvre de Jean-Noël Leblanc ! Avec des perles de lycéens, des vaches de profs, des chats peinards, des copains hilares, à boire, à manger, à chanter, à voir, à rêver, à lire, à rire, à sourire. A vivre mieux, peut-être !
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