Jean d'Ormesson a dit :
(photo Acaba)
"Je suis démocrate en politique, je le suis aussi en littérature. Je ne crois pas qu'il y ait une littérature pour l'élite. Il est bon de permettre à tous de lire Flaubert ou Hugo.
La littérature a-t-elle un avenir ? C'est comme si vous demandiez si le rêve, l'amour, l'imagination ont un avenir ! Les hommes ne cesseront jamais de rêver et de vouloir faire de grandes choses. (...) Pour qu'ils ressentent vraiment l'émotion, il faut écrire ce que l'on aime, ce que l'on sent. La littérature, c'est beaucoup plus que du papier imprimé.
L'érudition est un poids. Dès lors que vous accumulez les savoirs, vous courez un risque. Il y a une façon d'être au monde, de ressentir les choses de manière animale qui me semble plus utile au romancier. Il vaut mieux qu'il ait du génie.
Je crois que je pose sur mon siècle un regard original qui se résume en un mot : admiration. Je trouve le monde beau même s'il est sombre. (...) J'ai un côté Candide qui trouve que tout est bien. Je me vois comme le ravi de la crêche ! Même si, au fond, je suis un mélancolique, je pense qu'il vaut mieux être gai ! Je ne vais pas jouer à l'écrivain maudit !
J'aurais voulu n'écrire qu'un seul livre qui serait le livre d'une vie, à la manière de Proust. Et finalement, j'en ai écrit des dizaines, comme tout le monde !"
Jean d'Ormesson (propos recueillis par Stéphanie Janicot dans Muze, déc. 2009-janv. 2010)
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Un commentaire de Michel :
"La vieillesse n'excuse pas tout !
Hommage à l'homme de lettres, au romancier, à ce grand défenseur de la langue française, mais honte à l'éditorialiste du Figaro des années 1970 lorsqu'il déclarait qu'un air de liberté volait sur Saïgon avant que cette ville s'appelle " Ville Hô Chi Minh"
Les guerres du mensonge les guerres coloniales
C'est vous et vos pareils qui en êtes tuteurs
Quand vous les approuviez à longueur de journal
Votre plume signait trente années de malheur
La terre n'aime pas le sang ni les ordures
Agrippa d'Aubigné le disait en son temps
Votre cause déjà sentait la pourriture
Et c'est ce fumet-là que vous trouvez plaisant
Ah monsieur d'Ormesson
Vous osez déclarer
Qu'un air de liberté
Flottait sur Saïgon
Avant que cette ville s'appelle Ville Ho-Chi-Minh
Allongés sur les rails nous arrêtions les trains
Pour vous et vos pareils nous étions la vermine
Sur qui vos policiers pouvaient taper sans frein
Mais les rues résonnaient de paix en Indochine
Nous disions que la guerre était perdue d'avance
Et cent mille Français allaient mourir en vain
Contre un peuple luttant pour son indépendance
Oui vous avez un peu de ce sang sur les mains
Ah monsieur d'Ormesson
Vous osez déclarer
Qu'un air de liberté
Flottait sur Saïgon
Avant que cette ville s'appelle Ville Ho-Chi-Minh
Après trente ans de feu de souffrance et de larmes
Des millions d'hectares de terre défoliés
Un génocide vain perpétré au Viêt-Nam
Quand le canon se tait vous vous continuez
Mais regardez-vous donc un matin dans la glace
Patron du Figaro songez à Beaumarchais
Il saute de sa tombe en faisant la grimace
Les maîtres ont encore une âme de valet
Jean Ferrat"