Eric Chevillard a dit
"Je déteste le côté calibré du roman, cette construction arbitraire qui se donne pour nécessaire, cette tension artificiellement créée pour être finalement dénouée (...) , et ces psychodrames familiaux, domestiques, amoureux, dont la vie même est lasse, et encore toute cette singerie de personnages...
Mes personnages n'ont aucune cohérence psychologique, ils n'existent pas en tant qu'individus, ce sont des pronoms personnels qui ont mes livres pour milieu naturel et se retrouvent embarqués dans des phrases qui vont sérieusement les secouer. (...) Je ne m'attache pas à ces personnages, je ne vomis pas quand l'un d'eux a la nausée. (...) La seule réalité à quoi je me confronte en écrivant est le matériau plastique de la langue.
La littérature est une expérience totale pour celui qui s'y consacre. On peut passer sa vie dedans. Mais il faut se demander si elle est toujours seconde, si elle n'a pas en vérité puissamment contribué à inventer ce réel (...). L'amour existe-t-il à l'état brut dans la nature ? Nous nous aimons de manière bien livresque (...). Il y a une grande part de récitation dans le programme de nos existences, même si nous y mettons du cœur..."
Eric Chevillard (in Inventaire/Invention et les auteurs, 2006, propos recueillis par Florine Leplâtre)
Reytrouvez l'ensemble de cette excellente interview sur le site :
http://www.inventaire-invention.com/entretien/leplatre_chevillard.htm