"La vache, il a foutu le camp !"
Raymond Queneau
Bon dieu de bon dieu que j’ai envie d’écrire un petit poème
Tiens en voilà justement un qui passe
Viens ici que je t’enfile
Sur le fil du collier de mes autres poèmes
Viens ici que je t’entube
Dans le comprimé de mes oeuvres complètes
Viens ici que je t’empapouète
Et que je t’enrime
Et que je t’enrythme
Et que je t’enlyre
Et que je t’enpégase
Et que je t’enverse
Et que je t’enprose
La vache
Il a foutu le camp
Raymond Queneau - « Pour un art poétique » - L’Instant fatal, 1948.
On connaît Queneau au moins de nom pour ses Exercices de Style, Zazie dans le Métro et quelques chansons ("Si tu t'imagines", chantée par Juliette Gréco), mais le "grand public" (ce n'est pas péjoratif) est loin de se douter de l'immensité de son oeuvre, de ses textes déjantés, de ses exercices littéraires pataphysiques (allez jeter un oeil du côté de l'Oulipo). Plus scientifique et moins abordable que Prévert, sans doute, ce qui lui vaut ce petit déficit de popularité par rapport à notre poète des faubourgs, l'homme au visage triste avec une cigarette et un chapeau mou.
Tenez, on trouve ses textes dits ou chanté (parfois des titres anciens, de reprises modernes ou de mises en musiques originales) dans l'excellente collection "Poètes et chansons",chez EPM. Je n'ai pas (encore) le "volume Queneau", dont je vous reproduis la pochette ci-dessous, mais d'autres, qui attestent grandement de la qualité de la série (Marc Robine s'est beaucoup occupé de la conception et des participations artistiques de la collection).