Un recueil de nouvelles pour retrouver l'espoir (Axel Sénéquier)
Certains lecteurs cherchent probablement actuellement dans les livres autre chose que de l'actu "plombante", plutôt de l'évasion ? Et pourtant, voici un recueil de nouvelles écrites avec sensibilité, humanité, et qui ne sont pas tristes.
Le bruit du rêve contre la vitre
Axel Sénéquier (éditions Quadrature)
Le 16 mars 2020, la France apprend brutalement le confinement du pays : télétravail, école à la maison, cohabitation, isolement des personnes âgées, apéros virtuels, détresse respiratoire, gestes barrières... Il va falloir assimiler les règles d'une nouvelle existence. Couples, familles, amis, personne n'est épargné par la pandémie et ses conséquences délétères, par les tracas, les compromis, les avanies. Certains se réjouissent mais la plupart vacillent sur leur existence toute tracée qui dévie ou stoppe soudainement dans un monde devenu incertain.
Axel Sénéquier propose douze nouvelles pour explorer ce temps suspendu, ses ravages et ses plaisirs inattendus. Ses personnages inquiets petit à petit reprennent leur souffle – au sens figuré comme au sens propre ; certes la mort est là, qui rôde, mais en dépassant les rancoeurs, les rancunes, les faux-semblants, on peut reprendre pied dans la vraie vie.
Un recueil qui donne des raisons d'espérer, avec une très belle écriture et une humanité qui transparaît à chaque histoire.
Extrait :
« Mathieu était artiste. Ou plutôt, l'art le traversait comme une inquiétude jamais rassasiée. Il ressentait la vie avec une intensité supérieure aux autres. Sa sensibilité était le poids qui l'entraînait vers le fond et la seule chose qui le retenait en surface.
Mais lors de ette nuit blanche, Mathieu ressentit un pincement qu'il n'avait jamais connu jusqu'alors. Si l'empathie était une compagne familière, en arrière-plan, autre chose le tiraillait. Quoi donc ? Un vertige. Le sentiment d'inutilité. (...)
Ce qui acheva d'emporter sa décision fut le défilé des posts de ses amis sur les réseaux sociaux. Les festivals étaient annulés, les théâtres et les cinémas fermaient, tous les projets artistiques et culturels en cours étaient ajournés. C'était triste mais inévitable. Les réseaux sociaux ont ceci de tragique qu'ils sont des trépanations virtuelles. Ils permettent d'ouvrir le crâne de ses amis et de voir ce qui se passe dans leur tête. Et parfois, ce n'est pas joli. »
(« Les somnambules », Le bruit du rêve contre la vitre, d'Axel Sénéquier, éditions Quadrature)