"Je suis"... invisible !
Il y a un an, le 18 mai 2021, la sculpture Io sono (« Je suis »), de l’Italien Salvatore Garau, s’est vendue 18 000 dollars. Particularité de l’oeuvre ? Elle est invisible ! Elle n’existe que parce que son créateur, revendiqué "artiste du vide", l’a décrété.
Son Bouddha en contemplation, fait du même « matériau », avait été exposé sur la place de la Scala, à Milan :
« Buddha in contemplazione », de Salvatore Garau, Piazza della Scala, à Milan
Dans Le Monde, Garau donnait quelques clés pour comprendre l'oeuvre et sa fascination :
« Io Sono est le portrait de quiconque prononce ou pense au titre devant l’espace vide. La liberté d’interprétation est totale. Qu’elle serve à se penser autrement, en s’abstrayant de tout et surtout des images ! Ne rien voir rend fou. S’il est mal interprété, le vide crée des angoisses. Je suis fasciné par l’invisible. Le vide est plein de tout ! Pour moi, le vide est un “lieu” de réflexion. Si vous lisez le vide avec les bons outils, vous découvrirez un monde d’une incroyable vitalité. »
Quel est le message final ? Selon l’artiste, ses sculptures invisibles sont une « parfaite métaphore de l’époque pleine de vide où nous vivons ». Malin.
Si j'avais acheté cette oeuvre, j'aurais donné à Salvatore Garau une grande enveloppe vide de 15 000 euros. Mon message ? L'argent n'est rien ; il suffit de se persuader qu'on en possède pour être heureux.
Pour aller plus loin, Wikipédia nous définit ainsi la démarche de l'artiste :
- Le travail de Garau vise à être un défi à l'œuvre numérique de NFT qui provoque une forte pollution et une forte consommation d'énergie, tout en préservant son concept écologique, qui a toujours été présent dans son œuvre;
- Le travail de Garau cherche à faire ressentir aux gens la proximité des amours et l'énergie sentimentale qui peut exister dans les pensées dans les moments de distanciation sociale dans le monde à cause de Covid19 ;
- l'œuvre fait paradoxalement allusion au culte des restes, qui les considèrent comme sacrés quelle que soit leur nature réelle ;
- dans un sens ironique, il fait allusion à l'idée qu'un artiste déjà établi trouverait un marché et le consentement d'un critique pour toute œuvre qu'il produit, au-delà de sa qualité spécifique ;
- l'exploitation de Garau en même temps la valeur artistique de cette œuvre de Pier Manzoni est délicatement art conceptuel, et donc accessible à tous sans restrictions dues soit au coût d'achat, à la possession matérielle ou à l'accessibilité physique , ni en raison de la reproductibilité technique. Il s'agit donc, selon Duchamp, d'un « anesthésique » typique.