"Rue des Prairies" (1959)

18 juin 2021

Quel bonheur !

Gabin, Audiard, La Patellière,

dans Rue des Prairies, en 1959 :

1942. De retour d'Allemagne où il était prisonnier pendant deux ans, Henri Neveu retrouve ses petits enfants... et un 3e loupiot inattendu, la maman étant morte en couches.

1959. Les enfants ont grandi : Loulou est champion cycliste et va passer professionnel, Odette quitte son métier de vendeuse pour devenir mannequin et Fernand, le petit dernier, fugue et pose des problèmes au lycée. Chacun va en faire voir au père, lui cachant certains secrets de leur vie.

Une belle famille autour de Gabin (Claude Brasseur, Marie-José Nat et Roger Dumas) et une distribution impeccable : Paul Frankeur, Alfred Adam, Louis Seigner, Renée Faure, Jacques Monod... Le film ravit le spectateur avec des scènes d'anthologie : Gabin qui donne une leçon de cyclisme dans un bistrot, à cheval sur une chaise, Gabin qui danse en guinguette puis s'essaie au cha-cha-cha, quelques claques distribuées avec des paroles définitives. Il pose aussi un regard un brin désabusé sur le temps qui passe, le monde ancien qui disparaît, remplacé par les grands ensembles immobiliers et une mentalité plus égoïste, cynique.

Le dialogue fourmille de pépites d'Audiard et Gabin s'en donne à coeur joie dans ses répliques. On retient aussi et surtout la grande humanité du père aux valeurs en décalage avec ses enfants devenus jeunes adultes et sa relation touchante avec le fils de l'adultère...

Fernand : Tu crois que c'est marrant à mon âge de potasser la carte économique de l'Europe ou d'apprendre en combien de temps se vide une baignoire ?
Henri Neveu : Eh ben, c'est peut-être comme ça qu'un jour t'auras une salle de bain.

Odette : La rue des Prairies, c'est terminé ! Parce que figure-toi que j'en ai marre de faire la bonniche ! (...) J'en ai marre de préparer la tambouille pour quatre personnes, de me déshabiller dans la cuisine et de faire ma toilette sur l'évier. (...) Ça fait vingt ans que j'vois les gens de troisième avec c'ticket-là ! Maintenant je suis en première et j'y reste !
Henri (la giflant) : Ça c'est l'supplément pour les couchettes.