"Montaigne, l'anti-Machiavel", par Antoine Compagnon :
"Les affinités que s’imaginent les lecteurs contemporains avec Montaigne reposent bien entendu sur un grand fond de malentendus et d’anachronismes, mais les anachronismes ne sont pas toujours mauvais, surtout s’ils permettent de découvrir un écrivain !
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Montaigne invente ce genre particulier de l’autoportrait que sont les « Essais ». Leur écriture accompagne sa vie, mais sa vie, ce sont ses lectures, sur lesquelles il médite et écrit. A la Renaissance, les miroirs sont peu nombreux, les gens ne savent pas bien de quoi ils ont l’air. Quand Montaigne réfléchit sur lui-même, le miroir, ce sont les livres, tous ces livres qui l’entourent dans sa bibliothèque et qui escortent son existence quotidienne.
Il a quelques idoles, comme Plutarque – « rien ne me nourrit plus », dit-il – et Socrate, dont la méthode du dialogue annonce celle de l’essai. Montaigne fait sien l’adage « Connais-toi toi-même », c’est-à-dire l’idée que toute connaissance commence par la connaissance de soi. Mais les modèles de l’Antiquité ou du Moyen Age ne s’imposent pas à lui comme des autorités absolues, et il fait preuve d’une grande liberté de pensée. C’est à cette liberté-là que nous sommes si sensibles aujourd’hui."
L'article complet est ici : Montaigne, l’anti-Machiavel