Ce farceur de Jean Carmet...
Dans son Carmet intime, Jean-François Carmet, fils de Jean, raconte les souvenirs de son "Papô" et ses nombreux canulars - Ah, le coup des "sucettes magiques" !... :-D
L'amitié y tient évidemment une très bonne place, notamment ses liens étroits avec Michel Audiard. Jean Carmet tourna seize fois sur des textes de notre "tonton flingueur du verbe" !
"C'est lorsqu'il jouait dans les Branquignols que Papô fit la connaissance de Michel Audiard, "client" assidu de ce show. Michel les suivait régulièrement avec ses amis, à la tête d'un informel fan club des Branquignols (...). Audiard s'était pris d'amitié pour cette troupe déjantée, dans laquelle émergeaient des "gueules" qui l'inspiraient. Il sympathisa avec mon père et, connaissant ses difficultés matérielles, l'accueillit régulièrement dans sa maison de Dourdan. Ensemble, ils aimaient faire du vélo dans la Vallée de Chevreuse et Audiard fit inscrire papô dans les castings où il exerçait une certaine influence.
La famille Audiard, c'était le prolongement de notre famille. (...) Devenu un véritable ami - mon père et lui s'appelaient ou se voyaient tous les jours - Audiard, dont l'avis était autorisé dans le milieu, donna un fameux coup de pouce à mon père en accordant une interview dans un quotidien populaire au tout début des années 70. (...) Audiard m'a inventé, disait mon père en parlant de ce qu'il avait fait pour lui.
De son côté, mon père vint le soutenir dans des moments difficiles... Lorsque Michel Audiard devait écrire un scénario, et qu'il n'arrivait pas à travailler à Dourdan, ses producteurs l'enfermaient à l'hôtel Raphaël [de la Trémoille, plutôt ?], dans une suite qui porte son nom aujourd'hui, et mon père le rejoignait. Avec de bonnes bouteilles. Il dormait sur le canapé du salon et faisait la fête avec son pote. Mon père me raconta la facilité avec laquelle Audiard écrivait. C'était absolument déconcertant.
"A l'époque (rapporte l'agent artistique Marceline Lenoir à Jean-François), j'avais une maison à quelques kilomètres de Dourdan, où vivait Audiard, avec qui ton père faisait régulièrement du vélo. (...) Un dimanche vers midi, ils arrivent tous les deux à vélo chez moi, et Jean dit à Audiard : "Tiens, Marceline va te faire goûter son Sancerre, tu verras, il est unique." Comme il faisait très chaud, je les installe sur la terrasse et leur sers un Sancerre bien frais. Et là, j'ai assisté à une scène d'un grand comique. Pendant qu'ils buvaient, ils cherchaient "le mystère" de ce vin, s'interrogeant mutuellement : "Tu le sens, toi ?" "Non, non, je ne vois pas... je cherche...", disaient-ils, en se resservant un coup de plus. (...) Après une bouteille, deux bouteilles, trois bouteilles, ils ont renoncé à comprendre "le fameux mystère" de mon Sancerre et sont remontés sur leur vélos. Un peu inquiète, je les ai regardés partir, mais l'un comme l'autre tenaient parfaitement l'alcool."
C'était chez Georges Brassens, avec René Fallet et Michel Audiard, dans le XVIème arrondissement, qu'il se devait de déguster le beaujolais nouveau, un bon vin, simple, sans prétention...
Comme disait Michel Audiard quand il parlait de mon père : Ce type a la tendresse dans le sang !"
Carmet intime, Jean-François Carmet, le cherche midi éditeur, 2004.
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Ce reportage de 52 minutes pour Spécial cinéma en 1982 (de Christian Defaye et Christian Zeender, RTS) nous montre notamment les deux amis discutant de cinéma, de cuisine, du commisaire Maigret, que Carmet aurait aimé interpréter...
Le vin, Depardieu, les chats, les arbres, le chemin de fer,
Jean-Claude Carrière... Du bonheur !