Ventura par Audiard
"Vous avez dit Ventura ? Je pense très sincèrement que le cinéma tient une place tout à fait négligeable - pour ne pas dire anecdotique - dans l'amitié qui nous lie depuis... attendez voir... eh oui, depuis bientôt trente ans. C'est rien.
J'ai connu Lino chez Gabin où, entre gens de bonne compagnie, nous ne parlions jamais "métier".
Nous nous sommes ensuite rencontrés chez lui où nous nous en sommes tenus le plus possible à des argumentations autour de Guardi (Francesco) dont les somptueux dessins tapissent ses murs.
Rencontrés aussi chez moi où nous sommes convenus une fois pour toutes de ne parler exclusivement que d'Eddy Merckx... ou alors de futilités.
Le fait que nous ayons partagé le sort d'une quinzaine de films n'est pas parvenu à nous brouiller complètement.
Michel Audiard, avril 1983."
Au cinéma, tout commença avec Le Rouge est mis. Dans la vie, tout finira par le décès d'Audiard, qu'Odette Ventura raconte dans son livre intitulé sobrement Lino, paru chez Robert Laffont en 1992 :
"L'annonce de la mort de Michel Audiard, en juillet 1985, nous bouleversa. Bien sûr, Michel était malade depuis plusieurs mois, et nul ne doutait qu'il aallait perdre sa dernière bataillle. Mais il y a des événements attendus qui vous touchent comme si rien ne les laissait prévoir. En un quart de siècle, du Rouge est mis (1957) à Espion lève-toi (1983), en passant par Les Tontons flingueurs, Ne nous fâchons pas, L'Emmerdeur, etc., Lino avait fait quatorze films avec Michel Audiard. C'était plus qu'un ami : des journalistes ont écrit : "Son père spirituel". Il est exact que Lino s'appuyait énormément sur Michel ; il avait une confiance absolue en son talent - et en son jugement.
Michel Audiard laissait un vide que personne ne comblerait jamais. Ce fut pour Lino une raison de plus de prendre ses distances avec le cinéma."
Rappelez-vous notre article sur Audiard et Ventura, "unis" par le vélo :
Audiard, Ventura et le vélo... - Le blog de Jean-Noël LEBLANC
Le début d'un chouette doc sur la bande :