"Comme le calcul, apprendre de la poésie et la dire devant toute la classe constitue toujours, malgré les réformes successives, l’un des piliers de l’enseignement en primaire. Jusqu’en 2015, le programme officiel préconisait de faire retenir par cœur 10 textes poétiques par an à chaque élève, du CP au CM2. Depuis, l’obligation de la récitation est maintenue mais sans donner de chiffres.
L'objectif pédagogique ? « dire pour être entendu et compris », dit le Bulletin officiel, « parler en prenant en compte son auditoire ». « Les élèves apprennent peu à peu à améliorer leur articulation et le volume de leur voix, à varier les intonations, à utiliser posture, regard, mimiques et gestuelle pour capter l’attention de l’auditoire ». "Pour Amélie Vautier, professeure des écoles en CE2 à Nantes, la poésie est en effet bénéfique au «travail mécanique de la mémoire : dans ma classe, les enfants ont trois semaines pour apprendre une poésie, un vers par jour. Cela leur donne des habitudes de travail qui leur serviront quand ils arriveront au collège. » Enfin, troisième vertu de l’apprentissage : un accès à une littérature qui ne soit pas que narrative.
En évitant le plus possible les "poésies gnan-gnan" à base de description plate des saisons qui passent ou de «je t’aime» à sa maman. « De la pâtisserie poétique, dégoûtante et qui donne envie de vomir. Ce n’est pas respectueux pour les enfants », résume Lise Mathieu, ancienne enseignante et auteure de poésie.
En classe, Morgane Ceard a une pratique très originale de la récitation. Ses élèves ne disent pas tous le même poème. Elle leur propose des poèmes classés par difficulté, de 1 à 3 points. L’objectif pour chaque enfant est d’avoir accumulé 10 points à la fin de l’année : en n’apprenant que des faciles à 1 point, il faudra en choisir dix pour atteindre son but, moins si l’enfant va vers des textes plus difficiles (plus longs, avec un vocabulaire plus compliqué). « On entend cinq poèmes différents dans le même créneau et les élèves co-évaluent avec moi. ».
Les élèves seraient donc un très bon public pour la littérature d’aujourd’hui. Reste à comprendre désormais pourquoi la pratique de la poésie devient si vite insolite et repoussoir une fois adulte."
'article complet de Guillaume Lecaplain, c'est ici :