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Le blog de Jean-Noël LEBLANC
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5 décembre 2017

"L'écriture inclusive pour les nul·le·s" ;-) (2)

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Aujourd'hui, après le "point milieu", abordons la féminisation que préconisent les partisans de "l'écriture inclusive".

Ajoutons un ·e : un avocat, une avocate ; un boulanger, une boulangère ; un professionnel, une professionnelle. Va aussi pour la cheffe, pas terrible à lire "avec les yeux" mais logique à écrire (on double la consonne finale auparavant).

Résultat de recherche d'images pour "point milieu"Mais ajouter un ·e final aux termes désignant métiers ou activités n'a rien d'automatique : comme le masseur a sa masseuse, le coiffeur a sa coiffeuse, le bosseur sa bosseuse, le professeur devrait donc côtoyer des professeuses.

D'autres mots demandent un changement plus radical : depuis que le métier s'est masculinisé, la sage-femme est devenue une "accoucheuse" et une "maïeuticienne", pour éviter de désigner "un sage-femme" ou "un homme sage-femme".

Point traité aujourd'hui :

La féminisation des professions

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Exercice n°2 : J'apprends à féminiser.

Pas de souci avec les termes épicènes (qui désignent les deux sexes) : un ou une ministre, un ou une élève, un ou une journaliste, un ou une secrétaire, un ou une archéologue... Ces mots se terminent déjà par le ·e que par convention et par étymologie (l'évolution de la terminaison féminine du -a latin) on attribue davantage aux dames.

facteur

Certains mots réclament un traitement particulier : un facteur, une factrice ; un moteur, une motrice ; un malfaiteur, une malfaitrice (mais oui !), un acteur, une actrice, etc. D'où l'on devrait induire que la matrice est la dame qui joue au mateur... D'accord, mais quid du docteur et de la doctoresse ?

Revenons sur l'acteur et l'actrice. La logique voudrait donc qu'on parle d'une autrice (une "femme auteur") plutôt que d'une auteure ; le terme était d'ailleurs utilisé en France au moins jusqu'au 17ème siècle (autrice — Wiktionnaire). Le cas de l'auteure et de l'écrivaine sont parmi les plus discutés dans cette affaire. Personnellement, j'y entends le suffixe surtout, et l'adjectif "vaine" ; c'est idiot, me direz-vous puisqu'on entend l'adjectif "vain" dans le mot masculin - mais on y est plus habitué. Les femmes elles-mêmes polémiquent entre elles à ce sujet : 

Résultat de recherche d'images pour "sophie fontanel"Sophie Fontanel : "C’est marrant, hein, hier encore je m’en fichais totalement. Tu pouvais bien coller au masculin tout ce que tu voulais, ça me laissait indifférent (je m’enlève un e pour que tu lises jusqu’au bout). Bon, je vais même t’avouer quelque chose, je préférais qu’on ne m’appelle pas "écrivaine". Comme Bernard Pivot (avec lequel j’ai été élevée, il me gardait les vendredi soir quand mes parents sortaient), je trouvais qu’"écrivain", ça faisait moins vain, en quelque sorte. Mais depuis, j’ai changé d’avis." Lettre à un.e ami.e qui ne sait plus comment écrire

Christine Angot disait en substance quelque chose comme ça (désolé, je n'ai pas retrouvé l'extrait précis !) : Je ne suis pas une écrivaine. Je suis un écrivain. Quand on dit écrivain, on voit quelqu'un qui écrit. Quand on dit "écrivaine", on voit une femme qui écrit. (On n'est pas couché).

profile imageAudrey Jougla : "Le prestige et l'aura des termes d'écrivain et d'auteur n'ont pas à souffrir une hyper-féminisation du langage qui croit se devoir de traduire que la femme est femme. (...) Ne pensez-vous pas que tant que la revendication s'avère nécessaire, c'est que justement la cause féminine ne se juge pas à la hauteur de son équivalent masculin ?

Le talent n'attend pas le genre, pourrait-on résumer. Et bien triste est sa reconnaissance s'il lui faut accoler une féminisation imposée d'office par des chiens de garde intellectuels, qui me nommeront probablement comme censeur, puriste ou impie de la langue suite à cet article. Si la libertaire en moi s'offusque de l'imposition d'une bien-pensance de la féminisation des professions intellectuelles, c'est surtout mon désir d'égalité qui revendique l'utilsation du masculin par le féminin pour lui faire la nique. Ce n'est pas une position répandue, j'en conviens, mais c'est celle d'un auteur, qui est fière de l'être. La question qui se dessine en filigrane dans ce débat n'est-elle pas alors celle de la nécessité de la connaissance du sexe de l'auteur pour préjuger de ce qu'il écrit, et j'emploie ce pronom à dessein." Je réfute les termes 'auteure' ou 'autrice', le vrai féminisme c'est de m'appeler 'auteur'

Résultat de recherche d'images pour "abnousse shalmani"Abnousse Shalmani : "À 8 ans, je ne parlais pas un mot de français. Mais je voulais déjà être « écrivain français », ce qui faisait gentiment rire mon entourage. Zola fut l’un des premiers auteurs que j’ai adoré. De l’âge de 10 ans à 15 ans, je croyais que Zola était une femme. Emile et Emilie sont proches, mon français était encore immature et j’avais joliment choisi que mon écrivain préféré était une femme. Une femme écrivain. Cela m’a conforté dans mon ambition. En 2014, la question m’était encore posée : écrivain ou écrivaine ? Ce temps-là est achevé. Femme tu es, écrivaine tu seras. (...) Ainsi, l’injonction à être écrivaine réveille en moi ce même sentiment enfantin de rejet. L’écrivain n’a pas de sexe et son œuvre s’inscrit dans l’histoire universelle de la littérature. Je suis une femme, j’écris. Je suis un écrivain.  "  «J'ai toujours voulu être écrivain, pas écrivaine» | Slate.fr (excellent texte à lire en intégralité - on y reviendra !)

Enfin, un débat dans l'émission C Politique sur France5, dans laquelle s'opposaient une prof et un académicien. Si les termes de l'Académie - qui évoque un "péril mortel" - me semblent d'une grande exagération, je n'ai pas été convaincu par l'argumentaire énoncé par notre enseignante sur le plateau, évoquant le désarroi des filles devant la "supériorité" des garçons - puisqu'au lycée, je constate souvent la supériorité des filles !

Résultat de recherche d'images pour "c politique grammaire inclusive"

La journaliste Camille Girerd a même relayé un "tweet clash" encore moins convaincant, citant Bernard Pivot opposé à Marc Lévy à propos de Colette. Que doit-on dire ? Colette est l'une de nos grandes écrivaines ou bien Colette est l'un de nos grands écrivains ? Pivot penche pour la 2ème solution tandis que Lévy préfère la 1ère...

Résultat de recherche d'images pour "colette"

Gros souci, Colette est l'une de nos grandes écrivaines apporte une ambiguïté : on pourrait comprendre qu'elle signifie que Colette est l'une des meilleures mais uniquement parmi les femmes-écrivains. L'ambiguïté réduit donc sa portée laudative, non ? - Et je garde le deuxième exemple pour mon prochain article).

 

A revoir ici (entre 15'30 et 33'30) :
C politique, le débat - Grammaire inclusive - France 5 

Alors, finalement, l'homme est-il privilégié jusqu'à présent ?
Pourtant de nombreux mots employés pour désigner des personnes (tiens, le mot n'est pas masculin...) de qualité 
sont féminins : une vedette, une star, une personnalité, une "huile", une sommité. Je vous laisse sur cette petite réflexion.

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Dans notre prochain épisode, nos réflexions sur la règle affreusement épouvantable qui impose que "le masculin l'emporte sur le féminin", cet accord de proximité qui veut "étouffer" les femmes sous la domination des mâles.

PS: et n'attendez pas trop pour entrer dans le débat, puisque dans quelques semaines, on n'en parlera plus.

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Commentaires
V
Je n'aime vraiment pas, ni le mot "écrivaine" ni le mot "auteur" !!!! bel article merci bises bonne journée
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