Bernard Dimey, Zizi Jeanmaire et Léo Ferré :
Retour sur le disque Zizi Jeanmaire chante Bernard Dimey.
La semaine dernière, nous évoquions les deux chansons Dimey-Ferrat. Aujourd'hui, Les p'tits hôtels, un titre signé Dimey-Ferré (ainsi que Les nougats de Dimey-Misraki) :
Les p'tits hôtels aborde le monde de la prostitution, les "filles" chez qui l'on cherche de l'affection dans ce Pantruche des solitudes.
Sur son blog, Jacques Layani rappelle les liens entre Bernard Dimey et Léo Ferré :
"Cette histoire commence [en 1956] par une lettre, lettre apportant chez Léo Ferré, qui demeure alors 28, boulevard Pershing à Paris, où le Bottin le mentionne comme « compositeur de musique », des poèmes et des peintures de Dimey."
Dimey est alors incorporé en septembre 1956 à la caserne Mortier, à Paris. A l'invitation de Ferré, ils se rencontrent alors : "Cette première rencontre semble s’être fort bien passée puisqu’elle débouche immédiatement sur une confiance authentique, qui va permettre à Dimey de participer à quelques créations de Ferré. Ainsi, le lundi 8 octobre 1956, est achevé d’imprimer La Nuit, feuilleton lyrique (La Table Ronde), dont Dimey dessine la jaquette."
En 1961, Philips édite donc notre 45 tours, Zizi Jeanmaire chante Bernard Dimey. avec Les P’tits hôtels. Si cette chanson constitue leur unique collaboration, ils n'en continuent pas moins de se fréquenter. En novembre 1967, Ferré chante pour le gala annuel du Monde libertaire et Dimey participe à la première partie, de la même manière lorsque le cabaret du Don Camilo accueille Ferré en vedette.
Dans les années 70, nos deux poètes se fréquentent toujours, amicalement ou professionnellement (une photo en témoigne, seule image rassemblant les deux hommes), à l'occasion de spectacles. Dimey écrira aussi dans son Journal son émotion à l'écoute des titres de Ferré, entendu ici ou là.
Enfin, "à une date totalement incertaine, Dimey, connaissant l’amour que Léo Ferré éprouve pour les chevaux, lui offre un collage de grand format qui comporte également un poème de deux strophes, sans titre, avec cet incipit : « Cheval de plein soleil avons-nous trop couru… ».
Jacques Layani conclut ainsi : "On observe donc, entre les deux artistes, une longue complicité qui n’aboutit toutefois à aucune collaboration de grande envergure."
Pour lire l'article en intégralité :
http://leoferre.hautetfort.com/l'ogre-et-le-chien.html
Le quatrième titre, Les nougats, est mis en musique par Paul Misraki (pianiste dans l'orchestre de Ray Ventura, il est le compositeur d'énormes succès comme Tout va très bien, madame la marquise, Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux, Tiens tiens tiens...). Ambiance fête foraine pour Zizi, qui se met dans la peau d'une vendeuse de nougat, entre le cirque et la baraque aux frites. On y retrouve l'esprit de Prévert, avec un détachement à ne pas traiter à la légère, une chanson faussement simpliste :
"Moi, j'm'en fous, je vends du nougat,
De la nougatine avec des amandes,
Moi j'm'en fous, je vends du nougat,
Même s'il est pas bon, faudra bien qu'y s'vende !..."