François Busnel a dit :
"A quoi sert la littérature ? A poser les bonnes questions. Il n'est pas certain, en revanche, qu'elle apporte des réponses. Tant mieux ! C'est précisément ce qui la distingue de l'idéologie. La littérature, en somme, propose une vision de la vie : ne jamais laisser les questions s'éteindre en soi. Pour le manuel de prêt-à-penser, circulez, il n'y a rien à voir ! Le questionnement incessant, le doute, les mille et une pistes qui s'entrecoupent et se choquent, les zigzags... voilà ce qui fait le socle d'une grande littérature.
Il en va de même en amour. Les idéologues du sentiment, ceux qui ont réponse à tout, sont d'une fréquentation ennuyeuse à périr. Heureusement, il y a les romanciers. C'est vers eux qu'il faut se tourner, bien plus que vers les spécialistes du comportement libidinal. C'est un livre qu'il faut ouvrir plutôt que son carnet de chèques, et s'allonger sur son propre lit ou son canapé plutôt que sur le divan d'un psychanalyste.
Il se pourrait bien que la vie soit un jeu et un passe-temps.... Un art de vivre, en somme. Si elle cesse de l'être, il faut s'en méfier. Que nous montrent les romanciers ? Que les hommes ou les femmes que nous aimons sont, la plupart du temps, le produit d'une représentation. Qu'aucune théorie ne résiste à la pratique."
François Busnel (extraits de "L'édito", in Lire, avril 2012)