Littérature : le "Salon des Dames" à Nevers :
Le 24ème Salon des Dames ouvre ses portes dès aujourd'hui avec une série de conférences, à partir de 14 heures. Les détails sur le site de la manifestation :
http://www.salondesdames.fr/spip.php?rubrique14
Pour le Journal du Centre, Jenny Pierre a interviewé notamment Jean-Marie Rouart, président d'honneur de la manifestation pour 2011. L'écrivain et journaliste évoque l'écriture de ses romans historiques :
"L'histoire que je raconte a plus d'importance que le contexte historique. Pour Le Cavalier blessé, je suis parti de gens réels, d'un jeune sous-préfet trompé par sa femme. Mais j'ai brodé cette histoire réelle, j'ai infusé mes rêves. Je crois que le défaut du roman historique est de vouloir faire de la reconstitution historique. Ce qui est important, c'est la vérité humaine. Pas la peine d'insister sur les détails des costumes d'époque, par exemple."
La liste des auteurs en dédicace demain dimanche au Palais Ducal de Nevers :
Richard Bohringer sera aussi présent pour évoquer et signer son dernier livre, Traîne pas trop sous la pluie, paru il y a quelques mois chez Flammarion.
Comment peut-on ne pas aimer Richard Bohringer ?
Traîne pas trop sous la pluie, C'est pas Bogota, c'est Paris.
Le récit s'enveloppe comme un linceul autour de la maladie de l'artiste, hépatite C + cancer, = addition maudite : "Ça faisait longtemps que je n'avais pas enjambé l'entrée du cabaret de la dernière chance, avec des danseuses en blouse blanche, funambule dans la nuit étoilée, avec des souvenirs de petit enfant, de marronniers en fleurs et de femmes désaimantes."
Dans une conscience bouleversée, il revit -et nous aussi, en sa compagnie douloureuse- sa descente aux enfers d'un hôpital tout blanc, les froids néons, mais le sursaut que donne la fièvre, celle de la maladie, celle de la vie, un dialogue avec son médecin, l'infirmière, Grand Singe, tous les bruits et toutes les odeurs de la vie.
Les temps se superposent, les lieux se chevauchent, l'Allier, Bogota, Paris, l'Afrique, le Portugal... Tandis que le corps chiffe molle ne répond plus, le délire fait revivre en un voyage intérieur son enfance, "Pique-lune", le père allemand, la mère absente, sa grand-mère, tous ses Paulos, Mama Africa... L'écriture poétique et la plume de Bohringer tutoient la liberté de Rimbaud, mais l'artiste se rebiffe, il ne veut pas devenir "l'homme aux semelles devant", celui qui finit ses jours dans un hôpital...
Car le bougre abattu se débat, dialogue avec sa mémoire et avec son avenir. Pas encore temps pour lui de monter dans l'aéronef rejoindre son Grand Jacques, Roland Blanche, Philippe Léotard ou Bernard Giraudeau, passager récent et frère initiateur de l'Afrique.
Admirable livre, qui n'est pas un roman, qui n'est pas non plus un témoignage sur la souffrance d'une "vedette" : c'est de la littérature ; une littérature organique, dont le corps est partie prenante, avec ses odeurs, ses fulgurances poétiques aussi, et la musique d'Eddy Louiss.
Avant d'être un livre, Traîne pas la nuit a été aussi un spectacle qu'on aurait aimé voir programmé dans notre région :