Annie Girardot, "je voudrais tant que tu sois là"...
"Girardot incarne à la fois l’intensité et la fragilité de son métier. Et tout le monde pouvait lire sous les traits de son visage aigu, dans les cailloux de sa voix rauque, quel être humain précaire et affolé se tenait là" écrit Olivier Séguret sur le site next.libération.fr.
Clap de fin pour une grande artiste : Annie Girardot est partie "paisiblement", le 28 février, retrouver Michel Audiard (qui l'a beaucoup employée dans ses films et qui était secrètement amoureux d'elle), Jean Gabin, Yves Montand...
Elle fut la plus grande comédienne des années 70, dans les drames et les comédies populaires. Voici une belle rétrospective de sa carrière en 4 minutes d'extraits de films :
Un livre récent nous la restitue si forte et si vivante, quand Alice Dona se rappelle sa rencontre avec l'actrice, leurs bonheurs, leurs galères, leurs frasques : dans Quelques cerises sur mon gâteau, récit des rencontres qui ont jalonné la vie de la chanteuse et compositrice, une place à part est accordée à sa "N'Annie", amie depuis 1977 dans les bons et les mauvais moments. Il y a quelques années, à l'occasion d'un album de reprises, Annie Girardot, qui aimait tant chanter, avait accepté ce duo émouvant avec Serge Lama, "Je voudrais tant que tu sois là", en pensant à sa mère. Elle lui est dédiée ce matin ; dans cette Radio-blog "Pour Annie Girardot", je lui ai joins une curiosité chantée en duo avec Brigitte Bardot ainsi que deux textes de Jacques Prévert :
Quelques réactions à sa disparition, collectées par l'AFP :
Claude Lelouch (sur BFM TV) : « C'était la plus grande actrice du cinéma français de l'après-guerre. Elle restera mon plus beau souvenir de metteur en scène et mon plus beau souvenir d'homme. C'était une femme extraordinaire aussi bien devant la caméra que derrière. »
Robert Hossein(sur RTL) : « J'ai travaillé avec elle, je l'aimais infiniment. C'était une colossale et magnifique actrice d'une générosité, d'une présence, d'un tempérament, d'une nature originale et vraiment extraordinaire. J'ai une immense estime pour cette immense comédienne. Je retiendrai d'elle quelques textes et chansons, (...) quelqu'un qui avait un énorme caractère, une autorité terrible et une vie assez passionnée, assez tourmentée, quelqu'un d'extraordinairement attachant. »
Michel Galabru : « Cette disparition est évidemment très triste mais c'est sans doute une délivrance car Annie était atteinte de cette maladie atroce qu'est l'Alzheimer. C'était une femme charmante, une actrice exceptionnelle. Le film d'elle que je préfère est Docteur Françoise Gailland. Le public l'adorait. Elle a eu une carrière lumineuse, la pauvre petite... »
Le cinéaste Claude Pinoteau (sur RTL) : « La dernière fois que je l'ai vue, ça m'a fait tellement de peine de voir cette grande dame qui perdait l'esprit. Dans un sens, elle en souffrait certainement. Elle se rendait compte. Elle aimait rire. Elle a connu une traversée du désert qui a été très douloureuse pour elle. Dès qu'elle se retrouvait sur un plateau, elle était très heureuse. C'était son élément, de son plus jeune âge jusqu'au dernier rôle qu'elle ait interprété. Je ne veux pas être triste. Elle a eu une carrière formidable. Il faut garder d'elle ce souvenir. Espérons qu'elle va jouer la comédie au dessus des nuages.»
Jean Rochefort (sur BFM) : « Elle était l'amie idéale. Je garde ce souvenir de la partenaire idéale. Jouer avec était un régal. Vivre avec elle était un régal. C'était la copine, c'était mieux que l'amie, on pouvait compter sur elle. Son immense talent, c'est que toutes les femmes s'identifiaient à elle. »
Jean-Pierre Mocky (sur BFM) : « C'était une fille vive, pleine de qualités humaines. Un peu comme Jeanne Moreau, ce sont des filles qui au départ n'étaient pas du tout destinées à jouer des premiers rôles et puis brusquement, à cause de leur talent et de leur persévérance, elles sont arrivées à devenir des stars à part entière. »