Pour Sakineh
Le site du Parisien.fr nous donne des nouvelles de
Sakineh Mohammadi-Ashtiani, cette Iranienne de 43 ans menacée d'être exécutée par lapidation (on l'accuse d'adultère et de complicité pour meurtre). Une vaste
campagne et des pétitions internationales lui ont permis d'éviter ce châtiment barbare -pour l'instant- mais elle a été depuis condamnée à 99 coups de fouet !
Selon le fils de la malheureuse, un responsable de la
prison a dit à sa mère que "son exécution était prévue pour dimanche, à 6 heures."
Lapidation, coups de fouets ou pendaison, franchement, même si vous trouvez un traitement moins barbare que les autres, le résultat est-il différent ?
Deux extraits de Candide, pour nous remémorer qu'au 18ème siècle déjà, on dénonçait ce genre d'horreurs :
"Candide (...) s'avisa un beau jour de printemps de s'aller promener, marchant tout droit devant lui, croyant que c'était un privilège de l'espèce humaine, comme de l'espèce animale, de se servir de ses jambes à son plaisir. Il n'eut pas fait deux lieues que voilà quatre autres héros de six pieds qui l'atteignent, qui le lient, qui le mènent dans un cachot. On lui demanda juridiquement ce qu'il aimait le mieux d'être fustigé trente-six fois par tout le régiment, ou de recevoir à-la-fois douze balles de plomb dans la cervelle. Il eut beau dire que les volontés sont libres, et qu'il ne voulait ni l'un ni l'autre, il fallut faire un choix; il se détermina, en vertu du don de Dieu qu'on nomme liberté, à passer trente-six fois par les baguettes ; il essuya deux promenades. Le régiment était composé de deux mille hommes ; cela lui composa quatre mille coups de baguette, qui, depuis la nuque du cou jusqu'au cul, lui découvrirent les muscles et les nerfs. Comme on allait procéder à la troisième course, Candide, n'en pouvant plus, demanda en grâce qu'on voulût bien avoir la bonté de lui casser la tête."
"Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n'avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel auto-da-fé ; il était décidé par l'université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler.
On avait en conséquence saisi un Biscayen convaincu d'avoir épousé sa commère, et deux Portugais qui en mangeant un poulet en avaient arraché le lard : on vint lier après le dîner le docteur Pangloss et son disciple Candide, l'un pour avoir parlé, et l'autre pour l'avoir écouté avec un air d'approbation : tous deux furent menés séparément dans des appartements d'une extrême fraîcheur, dans lesquels on n'était jamais incommodé du soleil : huit jours après ils furent tous deux revêtus d'un san-benito, et on orna leurs têtes de mitres de papier : la mitre et le san-benito de Candide étaient peints de flammes renversées, et de diables qui n'avaient ni queues ni griffes ; mais les diables de Pangloss portaient griffes et queues, et les flammes étaient droites. Ils marchèrent en procession ainsi vêtus, et entendirent un sermon très pathétique, suivi d'une belle musique en faux-bourdon. Candide fut fessé en cadence, pendant qu'on chantait ; le Biscayen et les deux hommes qui n'avaient point voulu manger de lard furent brûlés, et Pangloss fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume. Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable.
Candide épouvanté, interdit, éperdu, tout sanglant, tout palpitant,
se disait à lui-même : Si c'est ici le meilleur des mondes possibles, que
sont donc les autres ?"
Candide, de Voltaire, chapitres 2 et 5.
Le combat continue pour que Sakineh soit sauvée -ainsi que tous les hommes et toutes les femmes condamnés à mort de par le monde, de quelque moyen que ce soit, par lapidation, pendaison, injection léthale, par balle, par chaise électrique, par décapitation ou n'importe quelle invention des "hommes".