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Le blog de Jean-Noël LEBLANC
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17 mai 2010

Candide et Loana, Candide et les ayatollahs...

BacQuel est donc le rapport entre Candide et un ayatollah, et même, penserez-vous,  entre Candide et Loana ? Si vous vous doutez que le premier rapprochement doit avoir affaire avec l'intolérance religieuse, vous n'êtes pas très loin, mais c'est encore plus "drôle". Prenez des notes pour nourrir votre oral du "Bac de Français" ou votre conversation au dîner de ce soir.

StopDans le Journal du Centre du 18 avril 2010, j'apprends donc qu'un ayatollah, imam de la prière du vendredi à Téhéran, soutient que "les catastrophes naturelles sont le résultat de notre propre comportement", notamment l'augmentation des relations sexuelles illicites.  Ouh, pas bien, les vilains : ils ont forniqué (en un seul mot), ils ont provoqué la colère de la nature. En Thaïlande, zik-zik : tsunami ! En Haïti, zouk-zouk : tremblement de terre ! Ne riez pas : au XVIIIème siècle, ces inepties étaient de notre fait et de "notre" religion. Relisons ce passage du Candide de Voltaire qui relate de façon à peine exagérée le cataclysme de 1755, qui détruisit en bonne part la ville de Lisbonne et provoqua la mort de trente mille à cinquante mille personnes. Les philosophes optimistes comme Jean-Jacques Rousseau (=Pangloss) prétendirent qu'il ne pouvait en être autrement, et que c'était pour le bien du reste de l'humanité... D'ailleurs, minimise notre amateur de fessées, "de tant d'hommes écrasés sous les ruines de Lisbonne, plusieurs, sans doute, ont évité de plus grands malheurs." (lettre à Voltaire en réponse au Poème sur le désastre de Lisbonne, 18 août 1756)

candideCandide et le tremblement de terre de Lisbonne :

"Quand ils furent revenus un peu à eux, ils marchèrent vers Lisbonne ; il leur restait quelque argent, avec lequel ils espéraient se sauver de la faim après avoir échappé à la tempête. A peine ont-ils mis le pied dans la ville, en pleurant la mort de leur bienfaiteur, qu'ils sentent la terre trembler sous leurs pas ; la mer s'élève en bouillonnant dans le port, et brise les vaisseaux qui sont à l'ancre. Des tourbillons de flammes et de cendres couvrent les rues et les places publiques ; les maisons s'écroulent, les toits sont renversés sur les fondements, et les fondements se dispersent ; trente mille habitants de tout âge et de tout sexe sont écrasés sous des ruines. (...)

Le lendemain, ayant trouvé quelques provisions de bouche en se glissant à travers des décombres, ils réparèrent un peu leurs forces. Ensuite ils travaillèrent comme les autres à soulager les habitants échappés à la mort. Quelques citoyens, secourus par eux, leur donnèrent un aussi bon dîner qu'on le pouvait dans un tel désastre : il est vrai que le repas était triste ; les convives arrosaient leur pain de leurs larmes ; mais Pangloss les consola, en les assurant que les choses ne pouvaient être autrement : « Car, dit-il, tout ceci est ce qu'il y a de mieux ; car s'il y a un volcan à Lisbonne, il ne pouvait être ailleurs ; car il est impossible que les choses ne soient pas où elles sont, car tout est bien. » (extrait du chapitre 5).

Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n'avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel auto-da-fé; il était décidé par l'université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler.

On avait en conséquence saisi un Biscayen convaincu d'avoir épousé sa commère, et deux Portugais qui en mangeant un poulet en avaient arraché le lard : on vint lier après le dîner le docteur Pangloss et son disciple Candide, l'un pour avoir parlé, et l'autre pour l'avoir écouté avec un air d'approbation : tous deux furent menés séparément dans des appartements d'une extrême fraîcheur, dans lesquels on n'était jamais incommodé du soleil : huit jours après ils furent tous deux revêtus d'un san-benito, et on orna leurs têtes de mitres de papier : la mitre et le san-benito de Candide étaient peints de flammes renversées, et de diables qui n'avaient ni queues ni griffes ; mais les diables de Pangloss portaient griffes et queues, et les flammes étaient droites. Ils marchèrent en procession ainsi vêtus, et entendirent un sermon très-pathétique, suivi d'une belle musique en faux-bourdon. Candide fut fessé en cadence, pendant qu'on chantait ; le Biscayen et les deux hommes qui n'avaient point voulu manger de lard furent brûlés, et Pangloss fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume . Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable." (extrait du chapitre 6).

Loana_1Quant au rapport -mes excuses à Cunégonde, qu'elle n'en prenne pas ombrage- du personnage de Voltaire avec notre blonde ex-lofteuse, encore plus cocasse, nous en parlerons prochainement.

Comme dit l'autre : chacun porte sa croix.

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"C'est très bien de le rappeler, Jean-Noël, il n'y a pas que chez les autres que ce genre de discours est prononcé.    Michel"

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