le Bouquin du dimanche ?...

De retour du "Salon du Livre de Dijon" (bon, je fais l'impasse sur "Européen"). J'avais déjà imaginé l'article pour aujourd'hui, et le bouquin du dimanche, ce devait être celui-ci, le Manuel de survie de la femme moderne ; mais Frigide Barjot n'était pas à Dijon, hier samedi. Ouin !... Ouin !... Triple Ouin !... Rencontre ratée, rencontre remise.

Du coup ce devait être celui-là, C'est beau une ville la nuit, de Richard Bohringer, lu il y a longtemps déjà mais racheté et dédicacé ce samedi par l'auteur. Ce sera partie remise pour le compte-rendu de ce touchant récit, entre errances et souffrances.

Finalement, ce message se contentera de raconter ma petite expérience (la deuxième) dans ce Salon de Dijon, où j'ai retrouvé mon copain Michel Benoit.

Placé sur le stand de la librairie Agora, avec M. Joly et ses assistantes, j'ai eu la surprise de découvrir que j'étais joliment entouré : à ma droite, M. Jean-Louis Roy, médecin dijonnais et fils du grand écrivain Jules Roy, homme plein de verve ; à ma droite, ah, nom de Zeus ! Richard Bohringer !! Promiscuité fameuse mais qui apporte ses inconvénients : pendant que badauds et admirateurs s'agglutinent pour "voir la vedette" (et parfois acheter ses livres), je suis caché du lecteur potentiel par un mur vivant...

Mais ces soucis sont très largement compensés par cette belle rencontre et le dialogue que nous avons pu avoir. Il me raconte l'Afrique, où il vit une partie de l'année, lui l'animiste, l'école qui y porte son nom et qu'il aide à financer, son camion qu'il doit conduire là-bas, ses pérégrinations autour du monde avec son fils aîné, "qui a morflé à l'école", sa fille adorée, Romane, les fleurs qu'il lui a plantées pendant une période où il avait été "mis à la porte de chez lui". Il passe des milliers de coups de téléphone, en reçoit presque autant, s'exaspère contre l'organisation du Salon, dont les responsables ne lui ont pas demandé de lecture d'extraits, qui l'ont relégué au fin fond de la quatrième salle, sans aucune vraie signalétique... mais qui refusera d'en partir, par respect pour nous, quand on voudra le déménager dans la première salle : "J'ai commencé ici, je finirai ici ! Ça ne serait pas correct pour ceux qui sont là."

Richard, de sa célèbre voix rocailleuse, au gré des visiteurs, vitupèrant les "éléphants socialos qui devraient laisser leur place !", rabrouant les cinéphiles, refusant d'être pris en photo "façon people", explosant contre un journaliste radio qui réclamait une interview mais n'avait pas lu une seule ligne de la prose de l'auteur. Il s'excusera plus tard de certains de ses comportements par la fatigue d'un très récent séjour à l'hôpital.

Puis il s'enquiert d'un bon restaurant à Dijon, craignant la soirée de gala, me demandant si j'allais au grand barnum du soir, et que je sens un peu envieux du repas familial qui m'attend, crèpes-partie chez les Zincous. Qui sourit à Lise-Marie : "Salut, ptite souris !" Richard, un être exquis, fin et gueulard, pour qui la famille, de sang ou de coeur, passe avant le reste. Un type entier, un type extra.

Richard, je suis très heureux d'avoir été ton voisin pendant ce salon dijonnais, malgré les petits soucis de la journée. Je n'oublierai pas ta recommandation : "Il ne faut pas des professeurs du livre, il faut des professeurs du vivre !"  A l'année prochaine !

L'article est enfin terminé ! Je le dédie au cochon d'Inde d'Eulophia.

Je n'oublie cependant pas toutes vos visites, visiteurs anonymes qui ne l'êtes plus pour moi, toutes les Blandine, Josanne, Solène, Perrine, une Ruthilde, charmante prof allemande, -Tiens, et un Rémi Leblanc septuagénaire souriant et malicieux !- et parmi les autres encore, deux anciennes copines de Fac retrouvées, Marie-Laure et Sandra !