Jacques Martin
Il ne s'agit pas de faire dans le politiquement correct des hommages post-mortem.
J'appréciais beaucoup Jacques Martin, à l'époque où beaucoup déjà le dénigraient. Bizarre pour vous, peut-être : très souvent je pensais à lui et je n'avais pas abandonné l'idée de lui écrire. Hasard céleste, Laurent Ruquier l'avait évoqué devant nous, avant le début de l'émission à laquelle j'étais convié mardi dernier : "Pauvre Jacques Martin, il s'emmerde à Biarritz", où il passait le voir une à deux fois par an.
Et peu importe si ses dernières années à la télévision semblaient faites pour endormir Mémé le dimanche après-midi (aujourd'hui, on dit ça de Drucker). Jacques Martin avait une personnalité complexe : homme de culture, appréciant l'art lyrique (on oublie souvent ses émissions pour vulgariser la "grande musique"), imitateur, comédien, chanteur, auteur, c'était certes aussi un homme orgueilleux, démesuré, angoissé (dans ses tournées avec Jacques Brel, ils passaient de longues soirées à parler psychanalyse. Plus angoissé que Brel ! Qui le savait ??). J'ai longtemps attendu la sortie d'un livre qu'il projetait d'écrire : Si Dieu existe, ma vengeance sera terrible. Livre sans doute difficile à terminer, trop sombre pour les éditeurs, trop éloigné de l'image du Jacques Martin bateleur des dimanches après-midi, "sous vos applaudissements".
Pour le grand public, émissions comiques, vulgarisation de la actualité des spectacles avec déjà une "bande" (coucou, Laurent Ruquier !). Moins connu et plus difficile à trouver, son film "Na !" (vu à la télé il y a ...? 20 ans ?). Sa pièce de théâtre, Une case de vide, dont je possède une copie sur cassette vidéo avec une ou deux émissions de "La Lorgnette" et du "Petit rapporteur". Et encore J'ai peur ! le livre de ses chroniques pour un journal, ses délires avec Jean Yanne, Kersauzon aux "Grosses Têtes", sa mauvaise foi savoureuse, ses vacheries saignantes, des improvisations prodigieuses, une recette en rap dans son émission de cuisine avec Claude Sarraute (incroyablement drôle), ses chansons ... tout ça flottera encore longtemps au Panthéon de ma formation de jeunesse (Ah, voilà, je comprends mieux !... persifleront les mauvais esprits).
J'ai peur !
France 2 a diffusé hier matin un bon sujet retraçant sa carrière. On y revoit un extrait (trop court) de Napoléon au Tour de France, avec Jean Yanne. Souvenir excellent.
HOMMAGE A JACQUES MARTIN
envoyé par MrZapouille
Le site de l'INA propose divers documents avec Jacques Martin, interviews, chansons, imitations, et le fameux "Premier tour d'Europe cycliste" avec Napoléon-Jean Yanne : http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&cs_page=2&cs_order=0&mc=Martin,%20Jacques&num_notice=18&total_notices=53
Le blogtvnews regroupe divers liens pour réécouter quelques extraits des "Grosses Têtes", un entretien de Martin sur RTL en 1997 (A découvrir obligatoirement !), mais aussi l'hommage de Danièle Evenou, Julien Courbet ou d'autres. On y entend en fin de vidéo Danièle Evenou chantonner "Mes lunettes", chanson d'amour si simple, pleine de pudeur et émouvante : http://www.leblogtvnews.com/article-12362724.html
Pour revenir au rire, plusieurs sites rappellent ses chansons improbables et comiques. L'Encyclopédisque, pour les pochettes seulement, mais très complet : http://www.encyclopedisque.fr/artiste/3095.html
Dans "Les 45 tours nazes" un extrait de "Savez-vous gagner des sous", à la manière de Ravi Shankar (hé, les jeunes, cherchez un peu !) Brassens, Tino Rossi et d'autres (cliquez sur la pochette du disque à gauche) : http://45toursnazes.free.fr/D1968.htm
Enfin, une belle émission spéciale à réécouter sur France Bleu Champagne : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-bleu/?nr=f876cc5036c11ac4c4482fb9a827908e&682d79eccd93c9f5ccc049c4f6a2195d_container_mode=item&682d79eccd93c9f5ccc049c4f6a2195d_container_id=35947/
Voilà, Jacques Martin est allé décrocher la lune avec les dents. Un peu de tristesse, mais aussi de joie devant la reconnaissance qu'on lui accorde enfin, après ses années de souffrance.
Allez, prenons la vie du côté sourire. Dépassons les jugements à l'emporte-pièce et n'oublions pas de montrer aux gens qu'on les aime.