Au coin du feu
Au coin du feu
J'aime au fond noir du ciel ces nuages de plomb
Qui dans l’air ruisselant le maintiennent d’aplomb
Malgré le vent du Nord qui tempête et se rue
Et qui, sinistre et fou, s’engouffre dans la rue.
Je goûte grâce à eux près d’un foyer ouvert,
Mon feu rouge lançant des défis à l’hiver, Ma tasse de thé jaune et mon fin tabac blond Et mon chat qui miaule ainsi qu’un violon.
Pour distraire mon cœur de ce climat maussade
J’élève entre la vie et moi la palissade
De quelques rêves d’or, nés de désirs frileux,
Qui change en clair soleil l’horizon nébuleux
Et qui fait ruisseler dans mon âme morose Tout un printemps magique, éblouissant et rose.
Francis de Croisset